L’Algérie risque de faire face à l’apparition d’un nouveau foyer de contamination au coronavirus dans les régions peu touchées jusque-là, notamment celles l’Est. C'est ce qu'affirme le Pr Lyes Rahal, directeur général de l’Institut national de santé publique (INSP) dans une déclaration accordée, ce jeudi 23 avril, au journal francophone El Watan.

Le professeur Lyes Rahal estime qu'au vu du bilan des contaminations qui ne cesse de s'alourdir, le risque d’apparition d’un nouveau foyer de contamination dans certaines localités du pays n’est pas à exclure. Il redoute une explosion du nombre de contaminations, notamment dans l'Est du pays.

Le directeur général de l’Institut national de santé publique alerte contre un relâchement dans le respect des mesures de prévention, principalement la distanciation sociale, à la veille du mois de Ramadan. « Le nombre de nouveaux cas de Covid-19 dans certaines villes du pays connaît actuellement une progression inquiétante. Il est urgent de revenir au respect des mesures barrières et, surtout, la distanciation sociale, qui permettent de casser la chaîne de contamination », a-t-il averti.

Le Pr Lyes Rahal s’inquiète ainsi de risque d'une deuxième vague de contamination qui remettra en cause « tous les résultats probants obtenus jusque-là grâce au confinement et au protocole de traitement mis en place avec une prise de conscience de la population au début de l’épidémie ».

Il souligne qu’actuellement, « l’épicentre est localisé essentiellement dans la région centre, plus particulièrement au niveau des wilayas de Blida et d’Alger, qui cumulent à elles deux 43,5 % de tous les cas déclarés et les deux tiers de la région sanitaire centre, à savoir 66,7%. Le nombre de cas cumulés de la région centre représente pratiquement les deux tiers. Toutes les wilayas ont déclaré des cas, à l’exception de Tindouf», a-t-il précisé.

Les risques d'un déconfinement précoce

Le directeur général de l’Institut national de santé publique a évoqué le danger d’un déconfinement précoce. Les conséquences pourraient être dramatiques du fait que le coronavirus est loin d’être sous contrôle en Algérie.

Par ailleurs, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a émis, mercredi, la possibilité de l'allègement du confinement dans la wilaya de Blida, estimant que la question de la levée de cette mesure sanitaire « évoluera en fonction de la situation » épidémique.

Le ministre a, cependant, déclaré qu’il était encore tôt pour évoquer un déconfinement en Algérie. « Il n’est pas question de déconfiner pour le moment, d’autant que le Ramadan est un mois de rencontres, de sorties, etc. Cela risque d’affecter tout le travail fait jusqu’à présent (et) ayant permis de stabiliser la situation », a-t-il souligné.

Au niveau mondial, plusieurs spécialistes ont recommandé une prolongation des mesures de confinement, et ce, jusqu’en 2022. Des chercheurs de l'université américaine Harvard ont proposé d’alterner entre des périodes de confinement et des périodes de liberté, pour prévenir contre l’émergence d’une nouvelle vague de contamination. Les scientifiques soutiennent que les mesures sanitaires devront être appliquées à la lettre tant qu’un vaccin concluant ou des traitements efficaces n’auront pas été découverts.