Le journaliste, directeur de Radio M et du site Maghreb Émergent a été convoqué ce mardi 6 octobre par la gendarmerie nationale de Bab Jdid, à Alger. C'est pour une "enquête préliminaire", selon les deux gendarmes qui se sont présentés au siège de l'agence qui édite les deux médias, selon un communiqué publié sur le site.
Les rédacteurs du communiqué n'hésitent pas à accuser le pouvoir de harcèlement, après cette convocation nominative de notre confrère El Kadi Ihsane. "Les médias dont El Kadi Ihsane est cofondateur (2010 et 2013), et aujourd’hui directeur, subissent en 2020 un harcèlement encore plus brutal des autorités afin de réduire leur expression professionnelle" est-il dénoncé dans le communiqué.
Mon directeur et confrère journaliste Ihsane El Kadi convoqué par la gendarmerie de Bab Jdid !@ElkadiIhsane #Alert #presse #Algerie
— Lynda Abbou (@lynda_abbou) October 6, 2020
Comme Observ'Algérie depuis plusieurs mois, les deux sites d’information Radiom.info et maghrebemergent.info sont censurés en Algérie depuis le 9 avril dernier, rappelle le communiqué, comme pour expliquer que le harcèlement subi ne date pas d'aujourd'hui.
Khaled Drareni animait une émission sur Radio M
Aussi, la même source rappelle que le journaliste Khaled Drareni qui croupit en prison depuis la fin du mois de mars 2020 était présentateur d'une émission populaire, le CPP, sur Radio M. Il a été condamné le 15 septembre à deux années de prison ferme.
Le directeur artistique de l'agence, Seddik Taouala, a été arrêté lundi 5 octobre alors qu'il filmait une manifestation à Alger. Selon les rédacteurs du communiqué, il allait être relâché avant que ses "interrogateurs" découvrent qu'il figure parmi le personnel de l'agence qui édite Radio M et Maghreb Émergent. Il sera aussitôt remis en garde-à-vue.
Une volonté d'empêcher le travail des médias indépendants
"Le harcèlement contre Radio M et Maghreb Émergent a pris toutes les formes de la répression. Le 18 juin 2020 à 18 h 30, Ihsane El Kadi a été enlevé à la sortie de son bureau par des éléments de la Direction de la sécurité intérieure (DSI) pour un « examen de situation » qui a duré six heures au siège algérois de ce service (Antar)" a dénoncé la même source.
Enfin, les équipes de Radio M et Maghreb Emergent voient une "volonté sécuritaire et politique" d'empêcher leurs organes de "poursuivre leur travail de médias indépendants". Mais cette volonté "rencontre une détermination tranquille des journalistes et des équipes de l’agence à permettre aux citoyens algériens d’exercer leur droit constitutionnel à l’information".