France : Incident raciste à la veille d'un bal pour migrants

Bal pour migrants

Un bal pour les migrants, prévu pour ce 13 juillet, dans la ville de Paris, suscite cette année une grande polémique en France, suite aux déclarations d'un DJ qui devrait participer à cet événement musical.

Depuis 2016, se tient tous les 13 juillet à Paris, le bal des « migrant ». Ce rendez-vous annuel, organisé par le Bureau d'Accueil et d'Accompagnement des Migrants (BAAM), permet de participer à une cause militante autour d’un concert musical. Toutefois, l'édition de cette année prévue pour le mardi 13 juillet, Place Stalingrad à Paris, suscite déjà une grande polémique en France.

« Je chanterai pour les noirs, les blancs allez derrière » 

En cause, les positions de l'un des DJ programmés pour cette cinquième édition. Dans une récente publication sur son compte Instagram, l'artiste et DJ Fanaya a ainsi indiqué jouer exclusivement « pour les personnes non blanches, et surtout pour les personnes noires ».

« Le dancefloor est un espace politique où les relations de pouvoir se reproduisent aussi », a déclaré le DJ, qui a invité les personnes « blanches » à aller « derrière » pendant toute la durée de sa production, afin que « les autres (surtout les personnes noires) » puissent « occuper la place » ajoute-t-il.

La phrase qui fait polémique chez la classe politique française

Une déclaration qui n'a pas été sans susciter une grande polémique en France notamment chez une partie de la classe politique. Le député LREM François Jolivet a exhorté, vendredi 9 juillet sur son compte Twitter,  Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté, à « faire ce qui est possible pour interdire à "Fanaya" de se produire dans l'espace public dans ces conditions ».

Dans un autre message, publié le 10 juillet, l'élu LREM a interpellé la maire socialiste (PS) de Paris, Anne Hidalgo :« je n'ose imaginer qu'elle puisse accepter cela dans sa ville », écrit-il sur Twitter. François Jolivet a d'ailleurs adressé une lettre à l'édile pour lui proposer « d'étudier les voies de recours pour interdire à cet artiste de se produire dans ces conditions », car il estime que « la France ne peut accepter sur son sol une telle attaque à ses principes et à la cohésion nationale ».

La riposte des organisateurs du bal des migrants

La réponse de la municipalité ne s’est pas fait attendre. Dans un tweet, Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la mairie de Paris, a ainsi indiqué avoir pris connaissance du courrier de François Jolivet. Avant de condamner le message de DJ Fanaya. « Il soulève de graves atteintes à l’esprit républicain. Nous allons diligenter une enquête, nous ne tolérons et supportons aucune discrimination, d’où qu’elle vienne », a indiqué l’élu parisien.

Les organisateurs de la fête (le BAAM) ont, pour leur part, apporté leur soutien à Fanaya sur les réseaux sociaux, jugeant que ses « positions politiques sont non seulement légitimes, mais également essentielles pour permettre une réelle appropriation de l'espace par toutes les personnes racisées », écrivent-ils dans un message publié le 9 juillet sur Twitter.

Des espaces non mixtes dans le bal pour les migrants ?

« La migration est au centre des enjeux décoloniaux, nier l'impact de la question du racisme systémique dans notre société, c'est manquer à l'obligation que nous avons tous », ajoutent les organisateurs. Dans une vidéo d'appoint, le BAAM s'offusque qu'à la suite de l'intervention du député François Jolivet « tous les fachos des réseaux sociaux aient décidé de venir [leur] dire leur façon de penser, sans avoir compris spécialement comment fonctionnait le bal », affirme le BAAM.

L’organisateur du bal précise en outre que le concert  sera ouvert à tout le monde « en mixité », bien que ses membres croient « dans la complémentarité des actions politiques » et « reconnaissent pleinement la pertinence de l'existence d'espaces en non mixte ».

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