Recteur de la Grande Mosquée de Paris : « Je dis aux imams qu'il faut arrêter de prétendre que le terrorisme n'a rien à voir avec notre religion »

photo : Mosquée de paris

Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, a réuni une dizaine d’imams de France pour réfléchir à cette question : l’islam engendre-t-il la violence ? La réponse est dans ce « manifeste contre le terrorisme islamise » qui  sortira le 16 septembre prochain en France. Un manifeste qui rappelle ce qu’est véritablement l’islam, ce qu’il faut rétorquer aux zélateurs de la haine ou à leurs proies, endoctrinées.

Dans un entretien accordé le 14 septembre au magazine français Le Point, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, a évoqué les grandes lignes de ce manifeste qui sera destiné aux imams, mais surtout aux musulmans de France.

Un manifeste contre le terrorisme islamiste sortira en France

Un manifeste dont la sortie coïncide avec la tenue du procès des attentats terroristes du 13 novembre 2015 en France. Dans ce manifeste, Chems-Eddine Hafiz prend la parole contre « l’infâme », qui incite les imams à aller au combat dans les territoires perdus de la République.

Ce manifeste est écrit par le recteur de la Grande Mosquée de Paris

« Je suis au début d’un processus. Je veux une prise de conscience, être l’élément catalyseur. Je réunis les 180 imams à la Mosquée pour des séminaires où nous réfléchissons à la manière de répondre sur le terrain à ces islamistes » lance Chems-Eddine Hafiz.

« Il y a près de 2 000 imams en France, certains m’écrivent, intéressés. Nous avons créé une association, Les Vendredis de la connaissance, dressé une liste de 200 lieux où nous rendre avec une dizaine d’imams, dans les quartiers sensibles, avec le Samu social, nous sortons des salles de prière pour aller vers les proies, les brebis égarées, pour reconstruire des liens », ajoute-t-il.

« Il faut arrêter de prétendre que le terrorisme n’a rien à voir avec notre religion »

« Je dis aux imams qu’il faut arrêter d’être dans le déni, de prétendre que le terrorisme n’a rien à voir avec notre religion. Al-Qaïda, Daech, les talibans détournent les textes que nous utilisons pour notre amour d’une religion humble, miséricordieuse. Il faut déconstruire le Coran pour le rendre lisible à toute personne », explique Chems- Eddine Hafiz.

« Après le meurtre de Samuel Paty, j’ai dit à Macron que cela avait commencé ainsi en Algérie »

Au sujet de la loi sur le séparatisme adoptée le 24 août, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, rétorque : « une loi ne peut tout régler, elle pose de grands principes, le cadre. Nous attendons la volonté, les décrets d’application, l’implication de tous. Car l’islamisme n’est pas un sujet politicien, c’est une question nationale, il y va de l’avenir de la France ».

« Après le meurtre de Samuel Paty, j’ai dit à Emmanuel Macron que cela avait commencé ainsi en Algérie, avec le meurtre des enseignants. Il a relativisé mes inquiétudes, il ne les a pas apaisées », ajoute Chems-Eddine Hafiz.

Extraits du manifeste contre le terrorisme islamiste, publiés par le magazine Le Point

« La parole ne doit plus être laissée aux criminels »

« Les érudits musulmans, ainsi que tous ceux qui ont le privilège de représenter l’islam, ne doivent pas, plus, se taire face à l’infâme. La parole ne doit plus être laissée aux criminels, à leurs idéologues et à leurs sponsors. (…) Que dire à l’enfant de Samuel Paty quand il grandira et saura qu’un homme a décapité son père au nom de l’islam ? Nous ne pouvons pas, en tant que musulmans, nous confiner dans le discours victimaire et faire mine de ne pas voir que certains de nos coreligionnaires continuent de menacer et de tuer au nom de notre religion ».

« Chercher à s’accommoder de l’islam politique, c’est s’exposer au terrorisme islamiste »

« Il est temps de comprendre que la cohabitation avec l’islam politique est impossible et même dangereuse. Je le souligne avec force et conviction : chercher à s’accommoder de l’islam politique, c’est s’exposer irrémédiablement au terrorisme islamiste ».

« La guerre sainte est une traduction abusive, voire malhonnête du djihad »

« Certaines notions comme le djihad méritent une attention particulière. Si le verbe « djihader » existait, il aurait comme définition : donner le maximum de ses capacités en paroles et en actes. Telle est notre définition du djihad .La « guerre sainte » est donc une traduction abusive, voire malhonnête du djihad ».

Le Manifeste contre le terrorisme islamiste, de Chems-Eddine Hafiz (Erick Bonnier Éditions, 82 p., 12 €). Parution le 16 septembre.

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