L'Algérie se confronte à une réalité économique complexe. La somme d’argent qui circule hors banque, estimée à plus de 8000 milliards de dinars, représenterait un frein au développement du pays. Cette circulation fiduciaire hors du système bancaire priverait l'économie d'une importante source de financement et entraverait la mise en place de politiques économiques efficaces.
L'argent de l'informel en hausse de 8,6 % en 2023
Dans sa dernière note de conjoncture relative aux tendances monétaires et financières de l’économie algérienne au cours des neuf premiers mois de l’année 2023, la Banque d’Algérie a publié des chiffres qui font froid dans le dos. En septembre 2023, les sommes d’argent qui circulent en dehors du circuit bancaire ont atteint 8026,19 milliards de dinars, dépassant de loin les 7392,8 milliards de dinars enregistrés à fin décembre 2022.
En 2022, la circulation fiduciaire hors banque a augmenté de 10,14 %, confirmant une tendance haussière constante. Cette situation perdure en 2023, avec une croissance de 8,6 % sur les 9 premiers mois de l'année par rapport à la même période en 2022.
Malgré les efforts du gouvernement pour encourager la bancarisation, l'attrait du circuit informel demeure fort. La situation est aggravée par la baisse de la liquidité bancaire, observée en septembre 2023. Le niveau de la liquidité bancaire est passée 1966,4 milliards de dinars en septembre 2022 à 1644,1 milliards de dinars en décembre 2023. Ce repli de 16,4 % est en partie lié aux mesures prises par la Banque d'Algérie, notamment le relèvement du taux de la réserve obligatoire.
Le recours à la finance islamique n'a pas porté ses fruits
Le recours à la finance islamique, envisagé comme une solution pour capter ces fonds informels, n'a pas encore porté ses fruits. Les dépôts collectés via ce système ne s'élèvent qu'à 623,83 milliards de dinars à fin juin 2023, bien en deçà des attentes.
Il faut dire que la canalisation des flux financiers informels vers le système bancaire est un enjeu important pour l'économie algérienne. La mise en œuvre de politiques audacieuses et concertées est nécessaire pour relever ce défi et garantir un développement économique durable.
Parmi les pistes d'action que proposent les économistes, l’amélioration de l'inclusion financière en adaptant les services bancaires aux besoins spécifiques de la population et en simplifiant les procédures d'ouverture de compte. S’ajoute à cela le renforcement de la lutte contre la corruption et l'évasion fiscale, deux facteurs qui alimentent le marché noir. L'on citera aussi l'ouverture fortement attendue des bureaux de change.
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