Les relations entre le Maroc et la France sont tendues. Le dernier séisme qui a frappé le Royaume chérifien a été révélateur de la profonde crise que traversent ces deux pays. Le Maroc a refusé les aides françaises et, plus encore, des sources proches du palais ont démenti l'existence d'un projet de visite d'Emmanuel Macron au Maroc.
La crise entre les institutions des deux pays a également impacté la société marocaine. Les médias au Maroc ont été nombreux à s'attaquer à la France et son président, ces derniers temps. Les Marocains expriment de plus en plus leur rejet de la France et sont allés jusqu'à lancer un hashtag pour demander l'instauration d'une obligation de visa pour les Français. Il s'agit d'une question qui est déjà au centre des tensions entre les deux gouvernements.
En effet, le gouvernement français a pris, en septembre 2021, la décision de réduire drastiquement le nombre de visas accordés aux citoyens des trois pays d'Afrique du Nord, à savoir l'Algérie, le Maroc, et la Tunisie. Cette décision a soulevé la colère des ressortissants des pays concernés et a également empoisonné les relations de la France avec ces 3 pays. Depuis le temps, la France est revenue sur sa décision, du moins officiellement. Toutefois, certains comportements continuent à être dénoncés. Il s'agit notamment de la vente de rendez-vous pour les demandes de visas et aussi du non-remboursement des frais pour les demandes refusées. La Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC) a d'ailleurs adressé, le 17 août dernier, une lettre à l'ambassade de France au Maroc pour réclamer le remboursement des frais de visas pour les demandes refusées.
« Les restitutions d'octroi de ce document ont été imposées par le gouvernement français sans avoir informé le consommateur demandeur de visa sur les nouvelles modalités de délivrance (droit à l'information) », avait écrit la FMDC dans son courrier adressé à l'ambassadrice de France au Maroc Helen Logan. Le président de la FMDC, Bouazza Kherrati, avait indiqué qu'il « faut d'abord informer le consommateur puis justifier et restituer les frais de visa lorsque le service est refusé ou inachevé ». Ce à quoi l'ambassade de France au Maroc avait répondu que « les droits de visa ne sont pas remboursables en cas de refus de la demande, et ce, conformément à la réglementation communautaire appliquée également par d'autres pays européens ».
Le Maroc ne peut pas appliquer le principe de réciprocité
Depuis cette requête, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Le séisme qui a frappé le Maroc a remis au-devant de la scène les relations franco-marocaines. Les Marocains ne sont pas contents du comportement des Français et de la France. La question des visas entre les deux pays refait surface.
De nombreux internautes appellent à appliquer la règle de la réciprocité. Avec le hashtag qu'ils ont lancé sur les réseaux sociaux, ces Marocains demandent à ce que les Français souhaitant se rendre dans le royaume soient soumis à la demande d'un visa. « L’imposition de visas est un droit de souveraineté », écrit un internaute marocain. « Imposez des restrictions de visa à la France et débarrassez-vous de tout ce qui reste de son colonialisme. Nous devrions également nous débarrasser de leur langue », écrit un autre, révélant le sentiment anti-français qui s'installe de plus en plus dans le royaume, comme ailleurs en Afrique.
Toutefois, il faut souligner que l'origine de cette campagne est surtout l'expulsion par les autorités marocaines du rédacteur en chef adjoint au service monde de l’hebdomadaire français Marianne, Quentin Müller, et de sa collègue, la reporter et photojournaliste Thérèse Di Campo. Ces journalistes partis faire des reportages dans le royaume sont accusés par des Marocains d'être des ennemis.
« L’objet de nos recherches sur place portait sur la violence économique, sociale et libertaire de ce régime marocain, animée par la toute-puissance du roi, de sa cour et de ses services de sécurité ultra répressifs », a précisé le journaliste expulsé. Donc, selon certains observateurs, cette campagne est orchestrée par des proches du palais royal qui refusent que certaines réalités sociales au Maroc soient médiatisées.
Concernant ce hashtag, il faut dire que le Maroc n'a pas appliqué le principe de réciprocité pour les visas pour des raisons pragmatiques. Étant un pays qui compte beaucoup sur les recettes touristiques, tout comme la Tunisie. Le Maroc veut attirer les étrangers, notamment les Français, dont il est la première destination1. Pour cela, il a accordé des facilités à ces touristes qui sont d'ailleurs nombreux à acheter des résidences au Maroc pour s'y expatrier.
Vacances de fin d'année : Le Maroc populaire auprès des Français, 17 décembre 2022, ObservAlgérie ↩