Algériens morts en France : Comment se prépare le dernier voyage

Entre l’annonce du décès d’un émigré algérien établi en France et son rapatriement, s’il est bien entendu question de rapatriement, l’attente risque de durer une éternité.

Une semaine est la durée la plus courte pour transporter les dépouilles mortelles en Algérie. Une longue attente pour les familles endeuillées en Algérie due au fait que le nombre de vols permettant ce genre de transfert est limité à deux par semaine. C’est ce qu’explique Kamel, membre actif au sein d’une association ou plutôt d’un comité de village kabyle… en France.

Il faut savoir qu'en France, les habitants d’un même village de Kabylie s'organisent et créent un collectif pour parer à toute mauvaise surprise. C’est ce genre de collectif qui prend en charge le rapatriement et l’organisation du dernier voyage des émigrés. « Ici, pratiquement tous les émigrés issus d’un même village créent une association ou un comité fonctionnant pratiquement comme ceux de Kabylie », fait savoir Kamel.

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« Je suis membre d'une association de mon village. C’est nous qui prenons en charge financièrement le rapatriement des dépouilles mortelles de nos compatriotes», explique encore notre interlocuteur. Et de poursuivre: « Nous avons créé une caisse spécialement pour ça. Chacun des villageois établis en France doit s'acquitter de sa cotisation chaque année. Dans le cas contraire, il sera privé de cette prise en charge ».

« Certains préfèrent même enterrer leurs proches en France »

Cette catégorie se trouverait ainsi livrée à elle-même. En cas de décès, la famille du défunt doit se débrouiller pour rapatrier le corps, une opération qui « coûte les yeux de la tête » pour reprendre Idir, membre de la diaspora algérienne en France.

« La procédure administrative ne pose pas de problème ici bien qu'elle prenne un certain temps, surtout s’il s'agit d'un accident ou d'une mort suspecte. Le grand souci est relatif au coût du transport », ajoute Idir, affirmant que des familles optent pour des quêtes pour financer cette opération. « Ces derniers temps, certains préfèrent même enterrer leurs proches dans des cimetières musulmans, ici en France », souligne-t-il.

Tebboune réitère les engagements de l’Etat

Pourtant, une décision a été prise en 2017 par l'Etat algérien pour la prise en charge du transfert des dépouilles mortelles des émigrés. Un fonds a été même créé à la même année à cet effet. Il s'agit de « la Caisse de solidarité de la communauté algérienne établie à l’étranger». Mais, concrètement, rien n’a été fait. C'est du moins ce que s’accordent à dire certains ressortissants.

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Ces derniers s'accrochent, néanmoins, aux promesses du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui s'est engagé à créer un fonds public destiné au rapatriement des dépouilles des ressortissants algériens à l'étranger. « Les frais de rapatriement des dépouilles de nos Algériens ne coûtent rien. C’est de la procédure. ! C’est de la bureaucratie ! Je m’engage à créer un fonds spécial au niveau de la présidence de la République pour le rapatriement gratuit de tous les Algériens qui meurent à l’étranger », avait déclaré le Président au lendemain de son élection.


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