L'avocat Miloud Brahimi a lancé un appel au ministère de la Justice afin de procéder à la libération d'un certain nombre de détenus en cette période de crise sanitaire, qu'il a qualifiée de « situation exceptionnelle ». Il estime que la conjoncture que traverse le pays pourrait constituer un nouveau départ « pour un retour à la loi » en Algérie.
Miloud Brahimi a expliqué que le temps est venu pour procéder à de « larges libérations ». Il est urgent, selon l'avocat, de libérer les personnes qui se trouvent en détention provisoire et dont le procès et la comparution ont été ajournés. Il rappelle que ces conditions d'incarcération vont à l'encontre des lois en vigueur et interpelle le ministère de la Justice. « Il est également temps de pratiquer la libération conditionnelle pour des personnes condamnées définitivement ainsi que de mettre en application le sursis chez les personnes actuellement jugées », a-t-il insisté.
Par ailleurs, l'avocat Miloud Brahimi a fait état de la situation à laquelle sont confrontés les détenus, qui, en raison des mesures préventives prises par l'Etat, ne reçoivent plus rien de l'extérieur, nourriture y compris, et doivent se contenter de « ce qu'on leur donne en prison ».
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D'autres avocats ont fait savoir qu'ils sont les seuls à pouvoir effectuer des visites à leurs clients en prison, affirmant que même les parloirs qui leur étaient réservés sont désormais interdits. Ils se contentent, rapportent-t-ils, de prendre des nouvelles des détenus depuis l'espace réservé aux familles. Pourtant, en temps normal, la discussion se fait par téléphone et entre une vitre de séparation. « Il n’y a plus de contact. Auparavant, nous pouvions avoir directement le prisonnier face à nous », ont-il déploré.
De son côté, l'avocat Farouk Ksentini a appelé à la libération de toutes les personnes âgées très fragiles. « Imaginez un instant que le virus entre en prison, ce sera l'hécatombe », alerte-t-il. Il ajoute qu'il faut prendre l'exemple de l'Égypte, qui a libéré plusieurs détenus en raison de l'épidémie. Farouk Ksentini a fait comprendre, par la même occasion, que certains prisonniers ont fait part de leurs inquiétudes, dont Djamel Ould Abbes. Ce dernier lui a avoué ses craintes et celle de plusieurs détenus. « Ils devraient être placés sous contrôle judiciaire, ne serait-ce que par humanisme », plaide Me Ksentini.
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