Système de santé en Algérie : Le débat sur la gratuité des soins relancé

Abderrahmane Benbouzid

Le débat autour de la gratuité des soins dans les structures publiques de santé vient d'être relancé. Cette fois-ci, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, a proposé "la contractualisation" comme solution, pour réformer un système de santé défaillant et obsolète.

Dans un entretien accordé au quotidien El Watan, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, reconnaît que la gratuité des soins a été "pervertie" et qu'elle ne reflète plus l'équité demandée. A ce propos, il souligne qu'« un assuré social ne pose pas problème puisqu'il contribue, (en revanche), celui qui n'est ni assuré ni dans le besoin et a les moyens » devra payer pour accéder aux soins.

« Fin de la gratuité des soins » : un débat de l'ère Bouteflika

Convenant de l'impératif de revoir le système de santé algérien, le Pr Benbouzid annonce qu'il a l'appui du président Tebboune pour « engager cette refonte ». Pour ce faire, indique-t-il, un groupe de travail étudie le dossier bien avant l'apparition de la pandémie de coronavirus. Néanmoins, le ministre a omis de préciser que la contractualisation dont il parle et qui a alimenté la polémique durant plusieurs années n'est pas une nouveauté en Algérie.

En novembre 2017 déjà, un projet de loi a été soumis à un examen devant la commission santé de l'Assemblée populaire nationale, dans un empressement qui avait suscité, à l'époque, moult interrogations. Ce projet visait, selon les observateurs, à désengager le rôle de l'Etat dans le secteur de la santé, voire à renoncer au principe de la gratuité des soins.

D'autres spécialistes avaient expliqué que l'article 343 du projet de loi, soumis devant les parlementaires en novembre 2017, limite la gratuité à la prévention, les soins de base et les soins d'urgence. Pour le reste des soins, notamment ceux lourds et relatifs à l'exploitation, même dans le cadre des maladies chroniques, leur prise en charge par les financements publics n'est pas consacrée.

Le même projet, dispose, dans son article 344, une contribution des caisses de sécurité sociale sur une base contractuelle. En termes plus clairs, il faudra présenter sa carte Chifa pour prétendre à des soins dans un hôpital public.

Les répercussions sur le secteur de la santé

Si elle venait à être promulguée, cette loi aura, d'abord, de grandes répercussions sur le citoyen, qui sera alors confronté à la concurrence des lobbies. En outre, en l'absence d'un fichier des personnes à faibles ressources, les hôpitaux, selon des experts, seront dans la contrainte de choisir qui a le droit à la gratuité des soins.

Les observateurs rappellent que les secteurs public et privé sont complètement différents. Le secteur public étant logiquement un service public, le secteur privé, lui, est plutôt commercial. Les nouveaux textes de loi ouvrent ainsi la voie à la privatisation du secteur de santé et à la bureaucratie. En somme, ils menacent des "acquis de la révolution et de l'indépendance".

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