Documentaire de France 5 : Les protagonistes témoignent et accusent le réalisateur

Documentaire de France 5 : Les protagonistes témoignent et accusent le réalisateur

Le film-documentaire « Algérie, mon amour », diffusé sur la chaîne publique France 5, continue de susciter la polémique en Algérie. Certains passages du long métrage, réalisé par le journaliste franco-algérien Mustapha Kessous, sont jugés « choquants et provocateurs » par de nombreux Algériens. Les principaux protagonistes apparaissant dans le documentaire n'ont pas tardé à réagir à la polémique : le réalisateur Mustapha Kessous est pointé du doigt.

« Algérie mon amour » présente les témoignages, sur un ton libre et sans tabou, de cinq jeunes Algériens, originaires d’Alger, Oran et Tizi Ouzou, qui ont participé au « Hirak ». Les protagonistes ont été notamment ciblés par les critiques pour avoir participé à montrer « une image réductrice » du mouvement populaire. Le réalisateur Mustapha Kessous est accusé d’avoir manipulé et perverti sciemment le contenu de « son reportage » pour offrir un produit commercialisable sous couvert du Hirak. Son objectif était manifestement de faire le buzz.

Autrement dit, le Franco-algérien Mustapha Kessous s’est donné la liberté d’utiliser les propos et les images, « tournées parfois à l’insu des intervenants », pour les orienter selon ses propres objectifs, sans donner un droit de regard aux concernés. Ce qui est contraire à l’éthique et aux pratiques professionnelles dans le domaine de la production audiovisuelle.

Les témoignages qui accablent le réalisateur

Les témoignages des principaux intervenants, à savoir Anis, un étudiant en informatique à Alger, Sonia, une psychiatre de Tizi Ouzou, et Hamou Boumediene, militant politique, révèlent « les mauvaises intentions » de Mustapha Kessous, pour ne pas dire ses réelles intentions. Ce dernier est pointé du doigt.

Le réalisateur aurait exploité la « détresse » de certains intervenants lors de séquences intimes, « qui ne devaient pas être diffusées », dans l’objectif de faire le buzz. Il aurait supprimé les passages « importants » des intervenants pour ficeler son documentaire, orienté vers des questions « marginales » liées à la frustration sexuelle de la jeune algérienne. Ignorant, par là même, les sujets profonds abordés lors du tournage.

Le réalisateur accusé d’avoir orienté le montage à sa guise

Sonia Siam, médecin résidente en psychiatrie au CHU Nedir Mohamed de Tizi-Ouzou, a révélé mercredi 29 mai sur sa page Facebook, qu’ « en participant à ce récit, je n’ai fait que parler de points qui me tenaient à cœur, le réalisateur a décidé d’en garder certains et pas d’autres au montage ».

« Lorsque j’ai accepté de participer au projet, il était question, pour le journaliste, de parler de la jeunesse algérienne dans ses différentes composantes, à travers plusieurs portraits (dont le mien). Ces jeunes choisis raconteraient leurs points de vue sur la société dans laquelle ils vivent, de leur réalité et de leurs aspirations à l’ère du Hirak », indique la psychiatre de 27 ans.

De son côté, Hamou Boumedine, coordinateur du Rassemblement pour la Kabylie (RPK) et militant pour la démocratie, qui a fait une brève apparition dans le documentaire, regrette que des éléments essentiels de son intervention aient été supprimés par le réalisateur.

« Pour lever les équivoques, je n’ai découvert le contenu du film que comme tout le monde et ma participation est restée en droite ligne de ce que j’ai toujours défendue: démantèlement total du système. Je regrette que les éléments que j’ai développés sur l’apport de la Kabylie dans le mouvement populaire n’aient pas été retenus, mais comme je n’ai aucun pouvoir de l’imposer, je ne peux finalement que le regretter », a-t-il écrit sur sa page Facebook.

Des scènes personnelles filmées et diffusées à l’insu des protagonistes

Anis, principal protagoniste du long métrage et également le plus ciblé par les critiques, a réagi à la polémique dans une longue déclaration sur Twitter. Il dénonce des « dépassements de la part du réalisateur et des journalistes qui n’ont pas respecté certaines choses. Ils n’ont publié que ce qu’ils voulaient. Seulement les séquences qui devaient faire le buzz ont été retenues ».

Selon lui, toutes les questions importantes de son intervention, basées sur de grands axes, tels que l'économie, la politique, le pacifisme du Hirak, le chômage, ont été supprimées lors du montage. Le réalisateur n'en a retenu que celles liées à la frustration sexuelle et la condition de la femme en Algérie.

En outre, l'étudiant de 20 ans accuse le réalisateur d’avoir filmé des scènes « personnelles » de lui et de ses amies, à leur insu. Anis ainsi que les trois filles qui apparaissaient avec lui auraient demandé expressément au réalisateur de ne pas diffuser certaines scènes, jugées privées ou trop personnelles. Un souhait qui n’a pas été respecté.

Les autorités algériennes dénoncent « une attaque contre le peuple et l’armée »

La diffusion du film-documentaire « Algérie, mon amour », sur la chaîne française publique France 5, n’a pas été du goût des autorités algériennes. L’affaire est même à l’origine de tensions diplomatiques entre les deux pays. Le ministère algérien des Affaires étrangères a décidé, mercredi, de rappeler son ambassadeur en France pour consultations.

L’Algérie dénonce « le caractère récurrent de programmes diffusés par des chaînes de télévision publiques françaises, dont les derniers en date sur France 5 et la Chaîne Parlementaire, le 26 mai 2020, en apparence spontanés et sous le prétexte de la liberté d’expression, sont en fait des attaques contre le peuple algérien et ses institutions, dont l’ANP et sa composante, la digne héritière de l’Armée de libération nationale (ALN)», précise un communiqué du MAE.

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