L'ex-ministre de la Justice Tayeb Louh est rattrapé par ses agissements pendant qu'il était garde des sceaux. Il devrait répondre aux accusations d'"abus de fonction, entrave à la justice, incitation à la partialité et incitation à faux en écriture officielle". Le dossier de l’ancien homme fort sous le règne des frères Bouteflika comporte assez d’éléments pour lever le voile sur l'instrumentalisation de la justice en faveur du cercle de l'ancien président déchu Abdelaziz Bouteflika.
Ainsi, Tayeb Louh est accusé d'avoir pesé dans le dossier de l'ancien ministre de l’Energie Chakib Khelil. Il aurait usé de toute son influence en faveur de Chakib Khelil, accusé de corruption dans l'affaire Sonatrach. Une vingtaine de magistrats entendus dans cette affaire ont témoigné que l'ex-ministre de la Justice avait émis des instructions pour influencer le cours du procès. Ils affirment avoir été sanctionnés à cause de leur "refus de violer la procédure".
Tayeb Louh est venu à la rescousse de Chakib Khelil
Tayeb Louh a ainsi interféré en faveur de Chakib Khelil qui était sous le coup mandat d’arrêt international, émis par l’Algérie en 2013, dans le cadre de l’affaire des marchés octroyés par Sonatrach au groupe pétrolier italien Eni, à travers sa filiale Saipem. Chakib Khelil était notamment accusé de "corruption", "trafic d’influence", "abus de fonction", "blanchiment d’argent", "direction d’une association de malfaiteurs" et "organisation criminelle transnationale".
Société Acheter un logement en Algérie : les nouveautés prévues en 2025 pour la diaspora
Tayeb Louh, qui a remplacé Mohamed Chorfi à la tête de la justice, a alors fait débarquer "de nombreux magistrats impliqués de près ou de loin dans ce dossier". Il a ensuite annulé les procédures des mandats d’arrêt de Chakib Khelil, de son épouse et de ses deux enfants, et a mis les poursuites en veille.
L'ancien ministre de la Justice a, ensuite, tenté de tout mettre sur le dos de Saïd Bouteflika pendant l’enquête. Ce dernier, auquel des magistrats ont rendu visite à la prison de Blida, "aurait nié avoir interféré dans le travail de la justice, ou avoir donné des instructions dans ce sens au ministre de la Justice".
Par ailleurs, une vingtaine de juges et procureurs, entendus dans cette affaire, ont affirmé avoir subi des pressions de la part de Tayeb Louh. Ils ont reconnu avoir reçu des "instructions", souvent par SMS, pour "arranger" les dossiers d’hommes d’affaires connus pour leur proximité avec Saïd Bouteflika.
Lire aussi : Tayeb Louh, Baha Eddine Tliba et Djamel Ould Abbes bientôt devant les juges
Société Pourquoi la France fait face à une explosion des prix des loyers