Le cahier des charges relatif à l’importation des véhicules neufs en Algérie suscite les critiques avant même sa mise en application. L’article 3 qui réinstaure le système des quotas risque d’être un véritable obstacle économique pour les opérateurs, estiment des experts.
En effet, l’article 3 du cahier des charges renvoie à l’obligation d’importation avec restriction de quotas pour les concessionnaires. Le ministère de l’industrie a fixé la facture d’importation de véhicules à 2 milliards de dollars US. Ce qui permettra d’acheminer 150 000 à 180 000 véhicules durant l’année 2021, selon certaines estimations optimistes.
Ce nombre qui ne pourra certainement pas satisfaire la demande du marché, sera partagé par quotas pour chaque marque, sur les agents agréés. Mais, pour ces opérateurs, il sera presque impossible de rentabiliser et de renflouer leurs caisses après avoir effectué de lourds investissements, avec des quotas réduits.
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Les professionnels du secteur s’accordent à dire qu’il faut supprimer cette règle qui constitue un véritable frein pour l’investissement. Car l’application du système des quotas et le plafonnement de la facture d’importation engendreront forcément des seuils de dépenses aux concessionnaires, qui se répercuteront inévitablement sur le prix à la vente du véhicule.
Les experts, qui évaluent la demande annuelle du marché algérien à 400 000 unités, expliquent qu’en l’absence de production locale, les 2 milliards de dollars dégagés ne semblent pas en mesure de compenser le déficit. Néanmoins, le décret exécutif publié en août 2020 stipule que l’importation des véhicules neufs, est réservée dans un premier temps aux opérateurs nationaux, avec des quotas pour chaque marque automobile.
Un seul agrément
Le décret dispose également que le concessionnaire automobile « ne peut prétendre qu’à un seul agrément de concessionnaire lui permettant d’exercer l’activité et représenter jusqu’à deux marques de véhicule sur le territoire ».
Pour les opérateurs, les restrictions mises en place par le ministère de l’Industrie risquent sérieusement d’anéantir un secteur en proie au déclin. Des conditions comme l’obligation d’avoir dans son patrimoine un bien d’une superficie de 6400m², la limitation à un seul agrément pour un opérateur ou bien la clause qui oblige les opérateurs à avoir à disposition ou en leur possession un parc sous-douane, forment en réalité un ensemble de verrous, de freins, de crevasses et de pièges pour les investisseurs.
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Pour rappel, l’Algérie a imposé en 2015 le système des quotas en les limitant à 300 000 unités par an. Mais entre 2010 et 2014, les concessionnaires ont importé 1 934 416 véhicules, avec un «pic» de plus de 554 000 véhicules en 2013 pour un montant de 7,33 milliards de dollars, selon les chiffres des Douanes.