Le marché noir des devises s'est stabilisé après une relative dynamisation suite à la décision du gouvernement de rouvrir partiellement les frontières. Cependant, le taux de change sur ce marché reste très élevé par rapport au marché officiel. L'euro et le dollar ont battu plusieurs records. Cet écart significatif renseigne sur l'importance de l'économie informelle en Algérie ainsi que le décalage de l'économie officielle par rapport à la réalité du marché.
En effet, contrairement au marché officiel où le taux de change est fixé, en grande partie, par des décisions politiques, le marché noir des devises répond aux lois du marché. Il répond aussi à un phénomène chaotique difficilement contrôlable, ce qui fait que toutes les prévisions peuvent s’avérer erronées en raison d’événements non prévus.
Le Marché noir des devises et la loi de l'offre et de la demande
Cependant, plusieurs facteurs économiques permettent de cerner le marché noir des devises. Ce marché, qui flambe habituellement pendant l'été et à l'approche de la saison du hadj ( un pèlerinage qui n'a pas eu lieu cette année), ne s'est donc pas affolé. Les cambistes sont dans l'expectative. Ils s'attendent à une offre plus importante de l'euro suite à l'arrivée des immigrés. Une offre qui pèsera dans la balance de change. Toutefois, cette offre sera équilibrée par l'augmentation de la demande, étant donné que les Algériens vont également quitter le pays pour les vacances, les soins et les affaires, suite à la réouverture de l'espace Schengen et la reprise des vols, notamment vers la Turquie. Un pays qui attire les hommes d'affaires algériens.
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L'impact de la dépréciation du dinar sur le marché officiel
Si pour certains économistes la dépréciation du dinar face à l'euro et au dollar est un moyen pour éradiquer le marché noir des devises, pour d'autres, cette dépréciation n'a pas de relation avec ce marché. Elle est la seule option qui reste au gouvernement pour juguler le déficit budgétaire qui ne cesse de se creuser. Au lieu d’éradiquer ce marché, la dépréciation du dinar a, au contraire, contribué à la hausse des devises dans l'informel. La dévaluation du dinar dans les cotations officielles a engendré la dégringolade continuelle de la monnaie nationale sur le marché officiel, dans une conjoncture économique marquée par une stagnation généralisée et une fuite d'investisseurs étrangers censés faire rentrer des devises.
Marché noir et crise de confiance
Face à la crise politique, économique et financière que traverse l’Algérie, les foyers ont adopté un nouveau comportement pour gérer leurs épargnes. Les Algériens préfèrent se tourner, désormais, vers les monnaies étrangères, notamment l'euro et le dollar. Ces devises sont devenues, pour beaucoup d’Algériens, une valeur refuge en ces temps de crise, tant au plan politique qu’économique. Le climat général généré par cette crise multidimensionnelle a aussi touché les investissements qui ont surtout besoin de stabilité et de confiance. Deux conditions nécessaires au bon fonctionnement de toute économie.
Prévisions pour le marché noir
Les économistes prévoient une flambée de l'euro et du dollar sur le marché noir à l'avenir. Ils sont nombreux à estimer que les devises étrangères vont battre de nouveaux records. Ces spécialistes expliquent que la situation économique du pays et l'absence d'une vision économique claire favorisent l'économie informelle et impactent le marché noir des devises. Ce marché est appelé à flamber aux dépens de la monnaie nationale, selon ces mêmes spécialistes. Ces derniers prévoient des taux de change record dans le proche avenir, surtout avec la reprise des vols et de l'activité commerciale informelle de l'importation. En effet, cette reprise va booster l'importation de certaines marchandises via « les cabas ». Une activité qui alimente l’Algérie en vêtements, alcool, cigarettes, etc.