Dépréciation du dinar : Comment éviter un impact « douloureux » sur les Algériens ?

Billets de 1000 dinars

La situation économique mondiale, qui subit les conséquences de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, a un grand impact sur l’Algérie. C'est dans ce contexte que l'expert financier Souhil Meddah préconise une intervention de l'État sur la parité du dinar pour le stabiliser. Cette solution serait nécessaire pour endiguer les effets négatifs de l’instabilité des marchés financiers en raison du conflit armé.

« Notre politique monétaire doit intervenir sur la parité du dinar pour le stabiliser afin d’amortir les effets négatifs, par voie d’un instrument de régulation des revenus et des prix intérieurs. Car il s’agit d’une situation exceptionnelle qui tient compte d’une inflation internationale importante et qui ne dispose pas de tous les agrégats monétaires nécessaires pour un véritable ajustement du dinar. Cette question doit être laissée pour plus tard, le plus urgent, c’est d’éviter un impact intérieur trop douloureux », a affirmé l'expert dans une interview accordée au journal El Watan.

Souhil Meddah a également préconisé d'actionner une politique protectionniste afin d'éviter à l'économie nationale de subir le recul de la croissance mondiale. « C’est le cours des événements qui va nous imposer la voie à suivre, mais d’une autre manière, nous serons contraints d’actionner notre politique protectionniste, même au détriment des besoins de nos marchés intérieurs, pour parer à toutes les situations de hausse des prix sur les produits agricoles et alimentaires surtout. Nous pourrons donc passer en priorité l’état de notre épargne institutionnelle extérieure en attendant que la situation se calme et se stabilise sensiblement ».

L'expert affirme qu'« il est préférable dans ce sens que la hausse du baril soit tirée par des facteurs structurels par rapport à la reprise de la demande mondiale plutôt qu’un conflit qui impose des réactions du marché dans les deux sens, sur les exportations et les importations. Nous ne sommes plus à la configuration conflictuelle américano-proche-orientale qui, à l’époque, n’imposait aucune sanction affectant les autres marchés. Le conflit actuel affecte tous les compartiments d’approvisionnement entre pays et touche plusieurs domaines ».

Le système Swift et le risque de cybersécurité

Concernant le système Swift et le risque de cybersécurité, Souhil Meddah rappelle qu’« une partie de nos réserves de change est placée dans des valeurs au Trésor à faible taux. Il n’en demeure pas moins que dans cette phase de reprise post-Covid, où presque tous les taux rémunérateurs sont réduits et seront appelés, après la dernière vague d'inflation expansionniste, à remonter graduellement afin de mieux réguler les espaces monétaires ».

Il indique que « dans ce sens, les risques sur nos réserves ne peuvent être imminents que dans le cas où le panier des valeurs dans lequel nous détenons des options de placement n’est pas spécialement affecté par les actions réactives par rapport aux limitations de passage de quelques flux par le système Swift ».

L'expert avertit qu'il faut aussi faire très attention au rôle actuel de la cryptomonnaie qui, dans sa configuration artificielle, ne repose sur aucune contrepartie marchande réelle et ne respecte pas toutes les règles prudentielles ou d’équilibre de parité adossées sur les valeurs internationales comme sur le dollar.

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