Cette année encore, l'Algérie abaisse le niveau d'accès aux études supérieures

Illustration : Inscriptions à l’université - bacheliers 2021

Encore une fois, les autorités en charge du secteur de l'éducation en Algérie ont décidé de recourir au système du rachat pour l'examen du baccalauréat (bac). Une méthode qui suscite la polémique chez la population algérienne et de nombreux spécialistes de l'éducation. Selon ces derniers, cette décision « politique » touche à la crédibilité de l'examen, avec comme conséquence une baisse du niveau d'accès aux études supérieures.

Bac 2022 : L'Algérie a encore recourt su système de rachat

Pour la troisième année de suite, le ministère algérien de l'Éducation nationale a décidé de recourir au rachat pour l'obtention du baccalauréat en Algérie. Lors d'une conférence de presse organisée ce samedi 16 juillet, à quelques heures de la proclamation officielle des résultats, le ministre de l'Éducation Abdelhakim Belabed a annoncé un taux de réussite au bac 2022 de 58,75 % avec une moyenne d'admission fixée à 9,5/20.

Pour justifier le recours de son département au système de rachat, le ministre de l'Éducation a évoqué – comme en 2020 et 2021 – les conditions sanitaires causées par l'épidémie de covid-19, qui ont affecté, selon lui, l'état psychologique des candidats au bac. Toutefois, en dépit du recours au rachat, le taux de réussite au bac 2022 a été de 58,75 %, en recul par rapport à l'année 2021 où le taux était de 61,17 %.

Bac 2022 : Les statistiques par filières

Dans les détails, c'est encore une fois la filière mathématique, qui s'est distinguée cette année, avec un taux de réussite de 78,78 %, suivie par les filières de Génie électrique (65,15 %) et Génie civil (65,43 %). Le taux de réussite chez les candidats de la filière Sciences expérimentales a atteint cette année 59,32 %, devant la filière Gestion et Économie (52,92%), selon les chiffres annoncés par le ministre. La filière Langues étrangères a vu un taux de réussite de 64 %, très loin devant la filière Lettres et philosophie, avec  54,80 % de réussite.

  1. Mathématiques : 78,78 %
  2. Génie électrique : 65,15 %
  3. Génie civil : 65,43 %
  4. Sciences expérimentales : 59,32 %
  5. Gestion et Économie : 52,92 %
  6. Langues étrangères : 64 %
  7. Lettres et philosophie : 54,8 %

Rachat au bac : Quelles conséquences sur les études supérieures en Algérie ?

Au-delà du taux de réussite au bac 2022, qui a vu un recul par rapport à celui de l'année passée, la question qui reviendra certainement dans le débat est celle concernant le recours à ce système de rachat. Depuis 2020, le ministère de l'Éducation fait baisser la moyenne de passage à 9,5/20. Une décision qui est annoncée le jour même que la publication des résultats, mettant ainsi les acteurs du secteur de l'éducation nationale devant le fait accompli.

Ce recours au rachat à l'examen du bac a fait réagir de nombreux pédagogues et syndicalistes de l'Éducation. Certains y voient une décision « politique pour acheter la paix sociale », car pour eux, ce genre de décisions devrait être précédé d'une « large concertation avec l'ensemble des acteurs de l'éducation ». Certains sont allés jusqu'à évoquer un « baccalauréat algérien au rabais » ou « les lauréats de la promotion covid-19 ».

De nombreux syndicalistes ont déjà qualifié le recours en 2021 au système de rachat à l'examen du bac de décision « irréfléchie ». Cette décision risque, selon eux, de nuire à l'image de l'éducation en Algérie et de faire baisser le niveau des futurs étudiants. Pour ceux qui critiquent la méthode de rachat au baccalauréat, cette dernière va d'abord se répercuter sur « la capacité d'accueil des futurs bacheliers » au niveaux des différents établissements supérieurs et surtout « sur le niveau de l'université algérienne » dans le classement mondial. Le « poids » des diplômes algériens ne s'en trouve-t-il pas amoindri ?

L'autre question qui se pose est la capacité qu'auraient ces bacheliers, futurs universitaires, à se faire accepter dans des universités étrangères – en France, en Belgique, au Canada ou ailleurs. L'étudiant n'a-t-il pas intérêt, dans ce cas, à réessayer pour combler ses lacunes, relever son niveau et s'imposer à l'avenir parmi ses pairs ?

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