Le nouveau programme de vols, annoncé le mercredi 10 août par Air Algérie, donne la part belle à la destination Afrique. Les autorités algériennes semblent se réveiller de leur longue léthargie sur l'importance des destinations africaines où d'autres compagnies aériennes règnent en maîtres, à l'instar de la Royal Air Maroc, qui compte plus de 20 destinations sur le continent.
Le programme de vols supplémentaires va permettre à la compagnie aérienne nationale Air Algérie de se frayer un chemin dans les aéroports africains et bousculer de la compagnie marocaine. Avec le lancement des lignes entre la capitale algérienne et les capitales de la Côte d'Ivoire, du Niger, du Mali, du Burkina Faso, du Gabon et du Sénégal, et la décision de lancer des liaisons avec celles de l'Afrique du Sud, de l'Éthiopie et du Congo, Air Algérie reliera Alger à une dizaine de capitales africaines, en majorité de l'ouest du continent.
Cela permettra à la compagnie aérienne algérienne de transformer l'aéroport international d'Alger en un hub entre l'Afrique et les autres continents, en l'occurrence l'Europe, l'Asie et l'Amérique du Nord. Ces nouvelles lignes permettront aux hommes d'affaires algériens d'investir dans les pays africains et faciliteront les déplacements des hommes d'affaires africains vers l'Europe, par exemple, à bord des appareils d'Air Algérie.
Des voyages moins longs et moins chers chez Air Algérie
Il est vrai que si l'aéroport d'Alger devient un hub pour la compagnie aérienne algérienne, les hommes d'affaires devant se déplacer en Europe et en Asie n'hésiteront pas à choisir Air Algérie au détriment de la Royal Air Maroc, tout simplement parce que le voyage sera moins long et moins cher. Il suffirait que la compagnie nationale offre des prestations à la hauteur pour que les opérateurs économiques des pays d'Afrique lâchent la RAM au profit d'Air Algérie.
Il faut cependant dire que ce n'est pas encore gagné pour la compagnie aérienne algérienne. C'est que la RAM dispose d'une grande avance sur Air Algérie en Afrique. Une large avance avec plus d'une vingtaine de destinations, particulièrement en Afrique de l'Ouest. La RAM dessert la plupart des capitales des pays francophones, comme Dakar (Sénégal), Banjul (Gambie), Conakry (Guinée), Abidjan (Côte d'Ivoire), Cotonou (Bénin), Lomé (Togo), Douala et Yaoundé (Cameroun), Pointe Noire et Brazzaville (Congo). Mais elle dessert aussi des capitales de l'Afrique anglophone et lusophone, comme Freetown (Sierra Leone), Monrovia (Liberia), Lagos (Nigeria), Bissau (Guinée-Bissau), Accra (Ghana), Malabo (Guinée équatoriale) et Luanda (Angola).
À terme, Air Algérie aura tout à gagner, mais…
Donc Air Algérie doit non seulement lancer de nouvelles dessertes, mais accepter de voler à perte dans un premier temps. Surtout que les échanges commerciaux et les déplacements entre l'Algérie et les pays d'Afrique sont encore faibles et le lancement de ces lignes est plutôt stratégique dans la mesure où il permet aux opérateurs économiques algériens d'exporter leurs produits vers les pays africains et à Air Algérie de faire de l'aéroport international d'Alger un hub entre l'Afrique et les autres continents.
Mais si à court terme, Air Algérie aura tout à perdre de lancer de nouvelles lignes aériennes entre Alger et d'autres capitales africaines, elle aura tout à gagner à moyen et surtout à long terme. Mais pour cela, l'Algérie doit se donner les moyens et le temps de sortir de la dépendance des hydrocarbures et de construire une véritable industrie, qui permettrait à l'Algérie de trouver quoi exporter. C'est pratiquement la seule façon de recaler et la RAM et les entreprises économiques marocaines.
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