Tunisie : Un mariage avec des témoins femmes fait polémique

Mariage

Décidément, la Tunisie, en matière de conformité à « la morale religieuse », ne cessera pas de nous surprendre. Entre autres, en septembre 2017, elle a levé l’interdiction du mariage des femmes avec des non-musulmans, ce qui a donné lieu aux rumeurs les plus folles – on était alors allé jusqu’à dire qu’Al-Azhar avait retiré ce pays de sa liste de pays musulmans. Hier, c’est un mariage qui sort un peu du commun qui y a été célébré. Et la polémique a bien été au rendez-vous.

C’est tout simplement une première dans le monde musulman : un acte de mariage conclu sans tuteur et témoins masculins. L’acte en question a été établi dans une mairie où la maire était une femme et les deux témoins des deux mariés n’étaient autres que la mère de la mariée et celle du mari.

Selon plusieurs sources médiatiques tunisiennes, il s’agit du mariage de la fille de l’écrivaine tunisienne Olfa Youcef, connue pour son combat inlassable contre l’intégrisme religieux. En effet, spécialisée en linguistique, psychanalyse et islamologie, cette écrivaine propose une lecture ouverte et sans tabous des textes sacrés. En 2016, elle publie « Sept controverses en islam – parlons-en », un livre qui porte sur les sujets considérés comme tabous dans l'islam, comme le port du voile, la consommation de l'alcool et l'homosexualité.

Mariage en Tunisie : la loi ne précise pas le sexe des deux témoins

Cette courte biographie explique, sans doute, ce mariage qui ne répondrait pas aux lois musulmanes en la matière. Sur les réseaux sociaux, l’écrivaine en question a d’ailleurs écrit sur un ton ironique : « le mari de ma fille, Ramy, a pu réaliser les objectifs de la charia en réunissant à l’occasion de la conclusion de son acte du mariage quatre femmes : sa femme Ilaf, deux témoins femmes, en l’occurrence la mère de la mariée et sa propre mère, et une autre femme a signé l’acte de mariage, à savoir la maire ».

À noter que ce mariage n’aurait pas été possible sans l’exploitation d’un vide juridique de la loi régissant l’état civil en Tunisie, qui ne précise pas que les deux témoins doivent être de sexe masculin. Sur les réseaux sociaux, nombreux ceux qui ont commenté cet évènement. Certains ont salué l’initiative la considérant comme une avancée en ce qui est du statut de la femme. D’autres – la majorité, en fait – ont condamné ce qu’ils ont qualifié d’« hérésie ». « C’est un mariage qui jette les deux "conjoints" dans le péché », ont écrit plusieurs internautes.

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