Immigration Canada : Des experts dénoncent des politiques déconnectées de la réalité

Visa pour le Canada - illustration

Dans un monde où le marché du travail est en pleine mutation, les politiques de l’immigration adoptées par le Canada sont frappées de désuétude. C’est du moins le constat qu’en font des experts ainsi que des organismes qui préconisent plus de souplesse, notamment en matière de délais.      

En effet, selon ces experts et organismes, les politiques fédérales et provinciales, en matière d’immigration, sont « déconnectées des vrais besoins et de la réalité du terrain ». Marc Termote, démographe et auteur du rapport « l’immigration et la pérennité du français au Québec » pour le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, est catégorique : « il y a un décalage énorme entre ce que les experts analysent. On est toujours 1 ou 2 ans en retard, entre l’analyse de la réalité actuelle, le diagnostic et la prise de mesures », déplore-t-il.

Immigration-Canada : plaidoyer pour plus de droits aux provinces

Brahim Boudarbat, économiste et spécialiste de l’intégration des immigrants au marché du travail au sein de l’Université de Montréal (UdeM), à l’instar du Premier ministre du Québec, croit qu’il faudrait « accorder plus de droits aux provinces » en matière de politique migratoire. Cela permettrait, selon lui, de « favoriser des immigrants qui ont les caractéristiques que l’on cherche ».

« Il y a un décalage important entre les immigrants qu’on sélectionne aujourd’hui, mais qui n’arriveront que dans deux, trois ou quatre ans. Le marché aura évolué, peut-être avec une récession. Le marché du travail évolue rapidement, alors il faut que le système d’immigration s’adapte à ce marché en identifiant rapidement les immigrants qui pourraient occuper les postes vacants », explique cet économiste.

Obtention de la résidence permanente ou d'un permis de travail au Canada : des délais trop longs

Le gros du décalage entre la politique migratoire et les besoins du marché du travail du Canada vient justement de ces délais qui ont tendance à s’éterniser. Et parlant des délais, les deux chercheurs citent ceux nécessaires pour l’obtention de la résidence permanente ou d'un permis de travail. « C’est le nœud du problème », insiste M. Boudarbat. « Ça peut prendre beaucoup de temps et, quand l’immigrant arrive, le poste n’est plus disponible, car le besoin a changé. On dit que l’immigration doit servir en premier lieu pour répondre aux besoins du marché du travail, mais il y a besoin immédiat et les employeurs ne pourront pas attendre deux à cinq ans pour quelqu’un qui doit arriver tout de suite », déclare-t-il au média canadien Métro.

Pour rappel, le traitement d’une résidence permanente pour un travailleur qualifié prend en moyenne 27 mois au fédéral, selon les chiffres d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). En passant par le programme des travailleurs de métiers spécialisés, qui comprend par ailleurs les métiers particulièrement populaires de la construction, le temps de traitement passe à 49 mois.

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