Voici comment le Danemark gère les résidents musulmans

Famille musulmane

Au Danemark, une loi est conçue spécialement pour gérer les résidents musulmans, notamment en matière de logement. Cette loi, qui existe depuis quatre ans, oblige des résidents « musulmans » à se faire expulser de leur logement s’ils vivent dans un quartier de « non occidentaux ». Une loi qui est dénoncée par la forte communauté musulmane installée dans ce pays de l’Europe du Nord.

En 2018, le gouvernement a fait voter une loi destinée à mettre fin aux « sociétés parallèles au Danemark ». Chaque mois de décembre, le ministère de l'Intérieur et du Logement publie une liste de ce qu'il appelle les « zones de transformation », connues aussi sous le nom de « ghettos durs », rapport Le Figaro dans un reportage publié le 25 novembre. Pour qu'un quartier soit classé « zone de transformation », il doit compter plus de 1000 habitants et répondre à plusieurs critères fondés sur des indicateurs socioéconomiques, éducatifs ou liés à la criminalité.

L'un de ces critères saute aux yeux : si plus de la moitié des résidents sont « non occidentaux » (même s'ils sont nés au Danemark) alors le quartier doit subir une « transformation ». Ce critère vise directement les musulmans du Danemark, selon le quotidien français citant les témoignages de nombreux représentants de la communauté musulmane au Danemark. Environ 6 % des 5,8 millions habitants du Danemark sont de confession musulmane.

En application de cette loi, de nombreux habitants du quartier de Mjolnerparken, à Copenhague, ont reçu des lettres des autorités les invitant à déménager : le bloc d'appartements dans lequel vivent ces habitants « non occidentaux » (donc musulmans) est sur le point d’être revendu à un investisseur privé. Ces ordres d'expulsion s'inscrivent dans le cadre d'une loi controversée imposant d'abaisser sous 30 %, dans certaines zones du pays, la proportion d'habitants « non occidentaux ». C'est-à-dire les résidents de confession musulmane.

Danemark : Des résidents musulmans expulsés de leur logement

Même des danois de souche ne sont pas épargnés par cette procédure, comme c’est le cas avec Majken Felle. Cette professeure de 48 ans a reçu des dizaines de lettres l'avertissant qu'elle allait bientôt devoir déménager de son quartier de Mjolnerparken, où plus de 80 % des 1700 habitants sont considérés comme « non occidentaux » selon les critères du gouvernement danois. « De toute évidence, je suis un dommage collatéral », affirme-t-elle dans les colonnes du Figaro. « Expulser une citoyenne danoise de souche comme moi, ce n'est pas le but. Mais même une loi aussi ouvertement raciste a ses limites », s’insurge-t-elle.

« Le terme "non occidental" sert d'euphémisme de "musulman" », souligne pour sa part Lamies Nassri, directrice du Centre danois pour les droits des musulmans. Mais le gouvernement danois assure que ces mesures ne sont pas discriminatoires, mais que « l'objectif est d'améliorer le niveau de vie dans ces zones ». Une justification battue en brèche par les avocats en charge de la défense des habitants musulmans du quartier de Mjolnerparken.

« Il est évident que ces personnes sont traitées comme des citoyens de seconde zone et que cette loi ne fait que les stigmatiser et les marginaliser », souligne au Figaro, Susheela Math, l'avocate qui défend les résidents de Mjolnerparken. Elle assure avoir pour objectif de porter l'affaire devant la Cour de justice de l'Union européenne et d'obtenir des juges qu'ils déclarent « la loi danoise contraire à la directive européenne sur l'égalité raciale ».

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