Michel Platini n’assistera pas à la finale de la Coupe du monde 2022 au Qatar qui opposera, dimanche 18 décembre, la France à l'Argentine. La légende du football français a décliné l’invitation du président Emmanuel Macron.
« Michel Platini a été invité par Emmanuel Macron à se rendre à la finale de la Coupe du monde entre la France et l'Argentine, dimanche au Qatar. Une invitation déclinée par l'ancien meneur des Bleus, qui refuse d'y assister », selon les informations obtenues par Jacques Vendroux du service des sports d'Europe 1. Platini ne souhaite pas rencontrer des membres de la FIFA au Qatar.
L'ancien meneur des Bleus, qui a été acquitté le 8 juillet dernier dans son procès du « FIFAgate » pour corruption, avait affirmé qu'il ne reviendrait pas au sein de la FIFA après cette affaire, affirmant avoir été « tué par quelques-uns ». Le vainqueur de l'Euro avec l'équipe de France en 1984, aujourd'hui âgé de 67 ans, a en effet écarté toute éventualité de reprendre des responsabilités de dirigeant au sein du monde du football. Le président français a, quant à lui, fait le déplacement au Qatar pour assister à la demi-finale des Bleus mercredi face au Maroc. Il assistera également à la finale dimanche à 16 h au stade de Lusail (heure française).
Pour rappel, Michel Platini, ancien président de l’UEFA en 2007, avait été, à l’instar de beaucoup de journalistes, avocats et une sénatrice française, les cibles de hackers embauchés afin de protéger la réputation du Qatar dans le cadre de l'organisation de la Coupe du monde de la FIFA 2022, selon une enquête publiée dans le Sunday Times1.
Ces personnalités ont été visées pour leurs enquêtes ou prises de positions critiques sur l'attribution de la Coupe du monde au Qatar, dont le baisser de rideaux est prévu ce dimanche avec une finale qui promet. Parmi les cibles se trouvent notamment des journalistes, comme Jonathan Calvert, du Sunday Times, qui avait enquêté sur les manœuvres de corruption ayant mené à cette attribution du Mondial au Qatar en 2010. Nathalie Goulet, une sénatrice française, qui avait accusé le Qatar de financer le terrorisme islamique, ainsi que l'avocat américano-hongrois Mark Somos, ayant déposé plainte contre la famille royale du Qatar devant le haut conseil des Nations unies pour les droits de l'homme, ont aussi été touchés.
L'ancien président de la FIFA aurait aussi été espionné. Le pays du Golf est notamment mis en cause pour le traitement des travailleurs sur les chantiers liés à la compétition et le respect des droits des femmes. Selon les données récupérées par le Sunday Times et le Bureau of Investigative Journalism, cette année, c'est à partir de 2019 que ces opérations de piratage des boîtes mail d'une cinquantaine de personnalités ont débuté, réalisées par un groupe de hackers indiens. Le recours à ce groupe aurait été fait par l'intermédiaire d'anciens officiers de police ou du renseignement britanniques, travaillant désormais dans le secteur privé, détaille l'enquête du Sunday Times.
Michel Platini accusé de corruption
Platini était pourtant défenseur de la candidature du Qatar. Il a d'ailleurs été impliqué dans un scandale de corruption concernant l'attribution de la Coupe du Monde au Qatar. Il a déclaré être « surpris et profondément choqué » par ces accusations et a indiqué qu'il étudiait « toutes les suites judiciaires » qu'il pourrait entreprendre en cas de véracité de ces informations, considérées comme une « violation manifeste et crapuleuse de sa vie privée ».
Cet ancien patron de l'UEFA de 2007 à 2015 a en effet été impliqué dans un scandale de corruption en 2013. Des accusations de corruption et d'arrangements illégaux ont été portées contre lui concernant l'attribution du Mondial de football 2022 au Qatar. En 2014, il a été révélé que 5 millions de dollars avaient été versés à des officiels de la FIFA pour obtenir leur vote. En 2016, la justice française a ouvert une enquête préliminaire pour « corruption privée », « association de malfaiteurs » et « trafic d'influence et recel de trafic d'influence ». En 2019, le Parquet national financier (PNF) a décidé d'ouvrir une information judiciaire pour « corruption active et passive ». Le PNF s'intéresse notamment à un déjeuner secret organisé à l'Élysée peu de temps avant le vote décisif en décembre 2010, au cours duquel Michel Platini et l'émir Tamim ben Hamad Al Thani ont été présents. Le rachat du Paris Saint-Germain et la vente de 24 avions de combat Rafale auraient été discutés comme contreparties possibles pour le vote de la France pour le Qatar. Des contreparties auraient également été perçues par Laurent Platini, le fils de Michel, qui a été nommé directeur général de Pilatus Sports Management et de Burrda Sport, toutes deux liées au fonds d'investissement Qatar Sports Investments.2
Michel Platini et la sénatrice Nathalie Goulet parmi des personnalités espionnées par le Qatar avant le Mondial ?, Le Télégramme ↩
Cadeaux, rapprochements… en France aussi, le Qatar a des amis politiques, Marianne ↩
