Un Algérien risque l'expulsion après avoir sauvé une femme séquestrée

Mounir Belahlou

La presse n'en parle que rarement, pourtant les migrants ne sont pas que « des sources de mal » comme veulent le faire croire certains politiques, qui usent et abusent de leurs « lois ». Parmi les migrants il y a aussi des « héros » qui préfèrent sauver la vie d'autrui, parfois au détriment de la leur. Mounir B., un sans-papier algérien, en est un. L'originaire de Chelghoum Laïd, dans l'Est algérien, a débarqué à Nancy il y a de cela deux à trois ans. Il y vit, comme beaucoup d'autres « clandestins » dans la crainte de se faire refouler vers son pays d'origine.

Le 3 décembre, il vivra l'histoire de sa vie qui le fera sortir à jamais de l'anonymat. Il avait, en effet, secouru une femme séquestrée par un couple de SDF dans son domicile. Croyant bien faire, cette dame d'une cinquantaine d'années avait décidé d'accueillir le couple chez elle. Seulement, la dame vit un cauchemar pendant quatre longs jours. Le mari de 38 ans et sa compagne âgée de 35 ans l'ont tout simplement séquestrée, violentée et dépossédée de ses cartes de crédit. Le couple a même « profité de sa gentillesse en essayant de prendre le contrôle de sa vie », ont indiqué les services de police à Lorraine Actu.

Humiliée, menacée à plusieurs reprises, elle se voit également confisquer son téléphone portable. La dame n'avait même pas l'autorisation de sortir du logement que pour faire des courses, qu'elle était obligée de payer. Sur les lieux, les policiers ont également interpelé le couple de sans domicile fixe qui avaient sur eux la carte bancaire, le téléphone portable et l'alliance de la victime.

Mounir B. risque l'expulsion après avoir sauvé une femme séquestrée par un couple de SDF

C'est dire que l'intervention de Mounir, qui a vite fait d'alerter les services de sécurité, a été salvatrice pour la femme qui retrouve sa liberté. Mais voilà que le « sans papier » algérien, démasqué, risque tout bonnement une expulsion. Pas forcément, puisque la dame qu'il vient de sauver et son avocate lui préparent un dossier de régularisation, pour « motifs exceptionnels », qu'elle compte déposer en préfecture.

« Mounir est SDF, alors tant qu'il fait froid dehors, il dort chez moi. Sa présence est importante il m'aide, et il me remonte le moral », assure la dame qui reçoit son « sauveur » quelques jours après s'être rétablie de sa mésaventure. « Ce serait une injustice de le renvoyer en Algérie après avoir sauvé une vie et s'être mis en danger. Ça vaut des papiers, non », a-t-elle encore lancé. Son vœu et celui de Mounir seront-ils exaucés ?

Quoi qu'il en soit, comme Mounir B., d'autres sans-papiers avaient, par le passé, risqué leurs vies pour sauver celle des autres. En 2018, Mamoudou Gassama, migrant malien, a réagi instinctivement et n'a pas hésité à escalader, en moins de 30 secondes, la façade d'un immeuble parisien pour sauver un enfant de 4 ans suspendu à un balcon au 4e étage. En 2015, Nizar Hasnaoui, migrant tunisien, avait, quant à lui, sauvé quatre personnes de la noyade, dans les Alpes-Maritimes.

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