Yennayer : Une fête qui dérange

Image représentant Yennayer : Une femme versant des bonbons sur la tête d'un enfant. La femme est habillée d'une tenue traditionnelle berbère

Comme à chaque année, à l’approche de Yennayer, des fatwas pullulent pour condamner ce qu’elles appellent une "fête païenne". Mais la plus commentée est, sans doute, celle émise par le dénommé Mohamed Ali Ferkous, le chef de file du salafisme algérien, qui décrète, tout bonnement, cette fête millénaire "haram". De quoi irriter les populations amazighes.

Des festivités, des rituels, parfois des chants et des ritournelles qui ne sont pas au goût de beaucoup d’Algériens qui voient d’un mauvais œil tout ce qui ne vient pas de l’Islam ou d’Arabie. Et Mohamed Ali Ferkous, le mufti algérien le plus écouté, en fait partie. En fait, ce n’est pas la première fois que ce prédicateur s’attaque à cette fête, pourtant célébrée dans les quatre coins du pays. Pour lui, "Yennayer est une fête païenne qui devrait être bannie des coutumes et traditions algériennes" pour "se contenter des fêtes purement musulmanes".

Le cheikh en question assimile Yennayer à Noël et le réveillon de la Saint-Sylvestre. Il s'oppose à toute célébration en dehors l'Aïd el Fitr et l'Aïd el Kebir. Parmi les fêtes que Ferkous considère comme hérétiques, on trouve également la fête du Mawlid Ennabawi (Naissance du prophète), ce que beaucoup d’Algériens considèrent comme une forme d’ "extrémisme dangereux".

Yennayer : Une fête qui rappelle bien des choses

D’ailleurs, des internautes n’hésitent pas à exprimer leur colère quant à cette forme de rejet de la culture nord-africaine et de promotion de la culture purement orientale. Des publications sur les réseaux sociaux, par milliers, invitent – pour reprendre le commentaire d’un internaute – "les Algériens à ne pas céder à cette négation d’une culture par une autre".

 

Un autre internaute a tenu à dénoncer cet acharnement à taire tout ce qui a un rapport avec les origines berbères de l’Afrique du Nord : "L’acharnement des salafistes à empêcher les Algériens de fêter Yennayer n’a qu’une seule explication : c’est que cette fête rappelle bien la vraie identité des Algériens, et ça fait mal, terriblement mal !", a-t-il écrit, avant d’inviter ses concitoyens à «"faire un maximum de bruit" durant la célébration.

Dans un long commentaire, un autre internaute s’est posé la question, à priori, anodine : en quoi un dîner bien élaboré (le dîner que la plupart des familles algériennes concoctent à la veille du nouvel an amazigh, NDLR), quelques festivités et un peu de joie peuvent nuire à Dieu ? "À moins que l’Islam n’accepte rien qui ne soit pas “musulman”, ce qui serait quand-même drôle !", a-t-il ajouté.

Retour en haut
Share via
Copy link