La guerre d’Algérie et ses multiples symboles sont loin de faire l’unanimité en France. À Lyon, encore une fois, c’est une belle esplanade, sans nom, qui fait l'objet d’une nouvelle polémique. Et, pour cause, les écologistes, majoritaires, veulent lui attribuer l’appellation du « 19-mars-1962 », ce qui est loin d’être du goût de tout le monde.
C’est une belle esplanade avec de grandes marches où l’on peut s’assoir et profiter pleinement d’une belle journée d’été. En face, c’est le Grand Hôtel-Dieu, un chef-d’œuvre architectural et l'un des plus grands bâtiments de Lyon… Bref, un bel espace que les élus écologistes de la ville veulent baptiser « 19-mars-1962 », une date hautement symbolique de la Révolution algérienne. Il s’agit, en effet, de la date d’entrée en vigueur du cessez-le-feu de la Guerre d’Algérie. Sauf que cette proposition a été vertement critiquée par certains élus, dont Thierry Ricard membre du groupe Droite centre et indépendants. L’élu en question a dénoncé cette délibération qui, selon lui, « n’est pas anodine et qui a une forte valeur symbolique ». « Je sais qu’elle sera adoptée, vous avez la majorité. Il n’en demeure pas moins que parfois, il ne faut pas jouer avec le feu », a-t-il prévenu.
Véronique Dubois-Bertrand : « Nier ce qui s’est passé en Algérie, ce n’est pas possible »
Selon Thierry Ricard, « il aurait été plus simple de dénommer l’esplanade des Accords d’Évian, pour inciter les citoyens à voir à quoi ils correspondaient ». « Car, explique l’élu, ces accords n’ont pas arrêté les morts ». Et d’ajouter : « il faut se souvenir du drame terrible dans l’année qui a suivi avec le massacre des harkis. […] Vous auriez été plus inspirés de l’appeler esplanade de l’Amitié entre la France et l’Algérie. […] La constitution française spécifie que la République française est une et indivisible. Notre groupe pense que cette dénomination est un facteur possible de division. […] Vous prenez de lourdes responsabilités ».
La maire, écologiste, du 3e, Véronique Dubois-Bertrand, elle, a repris la parole pour évoquer son histoire personnelle autour de cette « guerre cruelle qui fait encore souffrir ». « Je la vis par mon père qui a été lieutenant d’un harka, il a dû laisser des harkis en Algérie. Je connais bien le problème. Pour autant, il me semble important que cette date soit écrite, car les jeunes ne savent pas que c’est une date importante. C’est un rappel de l’histoire pour que ces choses-là ne se reproduisent pas. […] C’est comme nier l’Holocauste… Nier ce qui s’est passé en Algérie, ce n’est pas possible », a-t-elle plaidé.