L'Espagne, qui accueille annuellement des milliers de migrants clandestins venus essentiellement de pays nord-africains et subsahariens, a franchi un nouveau pas dans la régularisation de ces derniers à la faveur d’un projet de réforme de la formation professionnelle.
En effet, dans le but de faciliter l’accès à la formation aux personnes en difficulté d'insertion professionnelle, mais surtout de pallier au manque criant de la main-d’œuvre dans nombre de secteurs d’activités, le royaume ibérique a décidé d’octroyer, dès mars prochain, un permis de séjour temporaire aux exilés sans-papiers installés depuis au moins deux ans en Espagne, à condition pour eux, de s’inscrire dans une formation professionnelle.
Madrid veut, par cette nouvelle mesure, « ouvrir ces formations à l'ensemble de la population et flexibiliser le système pour répondre aux besoins de certains secteurs en manque de main-d’œuvre », explique-t-on. Cette formation qualifiante, réservée jusque-là aux Espagnols, sera généralisée pour concerner dés le 1er mars 2023, les « personnes étrangères et ainsi leur faciliter une intégration sur le marché du travail », selon le ministre espagnol de l’Éducation et de la Formation Pilar Alegria.
Espagne : Conditions d'accès à la formation professionnelle pour les migrants
Pour en bénéficier, les migrants postulants doivent bien entendu répondre à certains critères. Ils doivent en premier lieu justifier d’une résidence au royaume ibérique, et ce de manière continue, durant deux ans.
Plus précisément, le ministère espagnol de l'Inclusion, de la Sécurité sociale et de la Migration indique sur son site web que le « séjour continu de s'entend si les absences n'ont pas dépassé 90 jours au cours des deux dernières années ». Pour les formations qui entrent dans ce nouveau dispositif, elles sont courtes, d’une durée de 600 à 800 heures.
Elles s'inscrivent dans des secteurs où les travailleurs manquent, notamment dans le secteur de la « production ». Pour y avoir, accès, « un niveau minimum d'espagnol » et quelques « compétences propres » seront par ailleurs exigés, selon le site d’informations El Mundo, qui site une source du ministère l'Inclusion, de la Sécurité sociale et de la Migration.
Donc au terme de ladite formation, quelle que soit sa durée, les sans-papiers ne le seront plus puisqu’ils bénéficieront donc d'un titre de séjour. Seulement, il ne faut surtout pas perdre de vue le fait que pour pouvoir rester dans le pays, « un contrat de travail » est obligatoire.
L'Espagne veut en finir avec un système complexe de régularisation
Avant cette date, se voir régulariser en Espagne, comme dans beaucoup d’autres pays européens, relevait de l’invraisemblable, « de courir derrière un mirage », de l’avis même du ministre espagnol des Migrations José Luis Escrivá qui reconnaissait récemment que les personnes arrivées en Espagne en situation irrégulière mettent, en moyenne, 7 ans et demi pour obtenir un titre de séjour, et ce à cause d’un système de régularisation complexe, qui exigeait entre autres une présence dans le pays de trois ans minimum, et la présentation d’un contrat de travail d'un an de 40 heures par semaine. « Des critères dans les faits très compliqués à remplir pour les migrants », avait-il reconnu.
L’Espagne se joint ainsi à d’autres pays européens qui tendent de plus en plus à faciliter les procédures de l’emploi des travailleurs étrangers pour couvrir le manque de main-d’œuvre