La polygamie est un phénomène accepté et légalisé dans certains pays de l'Afrique du Nord, notamment au Maroc et en Algérie. En France, par contre, avoir plusieurs épouses est interdit par la loi. Les immigrés mariés en Algérie ou au Maroc n'ont, de ce fait, pas le droit de se remarier en France. Cependant, dans certains cas, ces immigrés arrivent à frauder pour arriver à leurs fins. C'est le cas d'un Algérien marié en France, soupçonné de bigamie et d'usage de faux.
Cette histoire est néanmoins complexe. Cet Algérien affirme devant le tribunal correctionnel de Cherbourg (Manche) qu'il n'a jamais été marié en Algérie. Né en Algérie et âgé de 45 ans, l'accusé est arrivé en France en 2017. À la même année, il a épousé une Française. Il aurait pu vivre sa vie le plus normalement du monde si un élément nouveau n'est pas venu remettre en cause ce mariage. Une Algérienne envoie un email à la préfecture de la Manche en affirmant qu'elle est mariée avec cet homme depuis 2007.
C'est cet élément qui a déclenché une enquête du consulat de France en Algérie. Cette enquête confirme que l’homme s’est bien marié en Algérie. Plus encore, le mariage n’est pas dissout. Un autre élément renforce les doutes ; les copies de l'acte de naissance de l'accusé, qui avaient été nécessaires à la fois pour son séjour en France et pour son mariage en 2017, se sont révélées être des faux. Le tribunal convoque donc l'Algérien et l'accuse d'usage de faux et de bigamie.
Cependant, la version de l'accusé est différente. Il affirme qu'il n'a jamais été marié en Algérie et qu'il ne connait pas la femme qui a envoyé ce courrier pour le dénoncer et qui se prétend être sa femme. Là aussi, un élément remet en cause les affirmations de l'accusé qui a fait quatre demandes de visa ou il a mentionné qu'il était marié en 2007, et qu'il avait deux enfants. « Si j’ai fait ça, c’était pour faciliter ma venue en France », explique l'accusé. Mais, cette version est remise en cause par l’acte de mariage de 2007, confirmé par un document provenant du consulat de France, qui porte non seulement son identité, mais aussi sa filiation, son père, sa mère.
L'accusé trouve alors une explication du moins rocambolesque. Il indique qu’il se peut qu’il ait un homonyme du même village que lui. Le substitut du procureur, sur la base de l'acte mariage algérien, a requis contre cet Algérien une peine de 12 mois de prison avec sursis et une interdiction du territoire français pendant 10 ans. L'affaire est mise en délibéré pour le 28 mars 2023.