Entre l'Algérie et le Maroc, les tensions ont atteint leur apogée. L'Algérie a coupé les relations diplomatiques avec le Royaume chérifien depuis plus d'une année. Le climat est tendu entre les deux pays et rien ne présage un apaisement futur. Au contraire, certaines déclarations peuvent réveiller les vieux démons et mener à l'irréparable. C'est dans ce contexte qu'une responsable marocaine a affirmé que le Sahara oriental (une partie du Sahara algérien) est marocain…
La directrice des Archives royales, Bahija Simou, a affirmé donc ce mercredi 22 février qu'« il n’y a pas que les documents historiques attestant de la souveraineté du Maroc sur ce qui est appelé entre guillemets "le Sahara occidental", mais aussi sur "le Sahara oriental"». S'appuyant sur des « documents » de pays européens que la direction des Archives royales aurait en sa possession, Bahija Simou rouvre ainsi une plaie que les années auraient dû fermer.
En effet, ces déclarations risquent de réveiller les vieux démons. Elles rappellent une période de guerre entre deux pays. Il s'agit de la Guerre des sables qui a commencé le 8 octobre 1963 et a duré 3 semaines. Cette guerre avait fait suite à un conflit sur le tracé des frontières algéro-marocaines. Les versions données par les deux pays sont contradictoires, cependant, le contentieux territorial existait du temps de la colonisation française. Le conflit concerne des régions du sud rattachées à l’Algérie que le Maroc conteste et revendique. Quant à l’Algérie, elle refuse dès son indépendance qu'elle soit amputée d'une partie de son territoire acquis de haute lutte armée.
Cette situation avait conduit le Maroc, au cours du mois de septembre, à amasser des troupes le long de la frontière. Le 8 octobre 1963, les hostilités ont commencé. Des batailles ont eu lieu, faisant des dizaines de morts. Après plusieurs tentatives de médiation échouées, le président malien Modibo Keïta a invité Hassan II et Ahmed Ben-Bella à Bamako. Placée sous les auspices de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), la rencontre débouche sur la conclusion d’un cessez-le-feu qui prend effet le 2 novembre.
Cependant, plusieurs années après ce conflit, à Ifrane, le 15 janvier 1969, un traité a été signé entre les deux pays. Ce traité a fermé « définitivement » ce dossier. Malheureusement, pour ceux qui veulent la paix dans cette région de l'Afrique du Nord, les apprentis sorciers le déterrent à chaque fois pour actionner les tambours de guerre. Effectivement dans le contexte actuel, le genre de déclaration de l'officielle marocaine ne fait que jeter de l'huile sur le feu de relations déjà très tendues. Du côté algérien, les réactions ne se feront pas attendre. Quand il s'agit d'une atteinte à une partie de son territoire, l'Algérie reste toujours intransigeante.
