L'islamophobie, qui n'est pas un nouveau phénomène en France, se généralise ces dernières années au grand damne des musulmans de ce pays qui se disent de plus en plus stigmatisé. Les Français de confession musulmane sont nombreux à songer carrément à quitter le pays pour un autre qui respecte leur croyance.
L'année 2022 n'a d’ailleurs pas été « facile » pour les musulmans de l'Hexagone. Dans son rapport publié le 21 septembre de la même année, l'Institut Leopold Weiss, basé en Autriche, avait particulièrement fustigé la « loi du 24 aout 2021 confortant le respect des principes de la République » qui aurait « provoqué une violente répression à l'encontre de la visibilité et de l'organisation musulmane ».
De plus, la politique française gravite désormais autour de ce sujet ; les figures de l'extrême droite ainsi que les politiciens de gauche ont fait du discours antimusulman ou de la lutte contre l'islamophobie un fonds de commerce et un moyen de toucher un nouvel électorat.
En face, les musulmans continuent d’en payer les frais. Le dernier exemple de cette haine grandissante envers l’islam et ses symboles nous vient cette fois-ci de Wattignies, dans le Nord de la France, où à quelques jours seulement du début du mois de ramadan, la commuté musulmane de bourgade découvre les locaux de l'association musulmane Al Amal « totalement vandalisés ».
Les lieux avaient été, en effet, saccagés dans la nuit du vendredi 17 au samedi 18 mars, selon plusieurs médias locaux qui rapportent, ce 21 mars, l’information. Sur des photographies largement relayées, l’on peut apercevoir que les plafonds ont été arrachés, les câbles électriques sectionnés, les luminaires brisés... Les dégâts sont en effet importants, tout indique que les responsables de ces actes voulaient rendre les locaux inutilisables.
« On dirait qu'ils avaient les plans : ils sont descendus dans la cave, ont arraché les fils du boitier électrique pour désactiver l'alarme et les caméras ! » , déplorait un porte-parole d’Al Amal à France 3. « C'est comme si on avait cassé votre propre maison », estime de son côté un habitant, qui se demande si les récentes manifestations pour obtenir un local de prière n'ont pas attiré l'attention d'un groupuscule d'extrême droite. Le maire de Wattignies s’est dit, quant à lui, convaincu que ce vandalisme est bel et bien un « acte islamophobe ».
« L’acte de vandalisme est scandaleux, honteux, on ne peut pas faire des choses comme ça », a-t-il asséné. Il est vite rejoint dans son analyse par son adjoint. Il en veut pour preuve, la cassette qui contient de l'argent et qui n'a pas été volée. Aussi, les responsables des méfaits n'ont pas récupéré un centimètre de cuivre.
Le siège de l’Association El Amel vandalisé : Une enquête est en cours
Alors que la communauté musulmane de Wattignies peine à obtenir un lieu de culte, faute de nombreux obstacles administratifs, cet acte de vandalisme vient compliquer davantage la situation.
Selon Alain Pluss, Maire de Wattignies, le blocage est dû à la commission de sécurité préfectorale et non à ses services. Il lui parait « légitime qu’on demande un lieu pour exercer son culte », mais les conventions « signées avec le service Jeunesse-Sport de la ville sur les trois premières salles proposées n’étaient pas conformes alors que les refus de la préfecture motivés par des problèmes d’accessibilité et de sécurité lui semblent plus difficilement explicables ».
En attendant que la problématique soit solutionnée, les fidèles doivent faire face aux dégâts. Une enquête est d’ailleurs en cours pour déterminer les circonstances exactes de l’intrusion et retrouver les coupables en attendant le passage d’un expert de l’assurance. « L’incompréhension face à la haine est totale, mais la détermination des porteurs du projet Al Amal (qui signifie espoir en arabe) et de leurs fidèles reste intacte », explique-t-on encore.