L’affaire, à son éclatement, avait choqué la toile : une enfant victime de viol par trois hommes, qui tombe enceinte. Et aujourd’hui, ce qui choque davantage, c’est le verdict de la justice à l’encontre des trois violeurs. « Il est inadmissible », jugent des ONG.
Le viol a eu lieu des mois durant, à Tiflet près de Rabat au Maroc. Et, aujourd’hui, la victime, âgée de 12 ans, est… maman. Ses bourreaux sont trois hommes qui, à la surprise générale, écopent de peines légères. Accusés de « détournement de mineurs par la fraude » et d’ « attentat à la pudeur sur mineur avec violences », deux d’entre eux sont condamnés, le 20 mars 2023, à deux ans d’emprisonnement, dont 18 mois ferme, et le troisième écope de deux ans de prison ferme. Les deux premiers sont également condamnés à verser des dommages-intérêts d’une valeur de 20 000 DH, tandis que le troisième va devoir verser la somme de 30 000 DH.
Des peines très en deçà de ce que prévoit le Code pénal marocain
En somme, en plus des courtes peines d’emprisonnement, les violeurs vont verser l’équivalent de 4 500 euros à la victime. « La mineure, uniquement 11 ans au moment des faits, a subi des viols à répétition sous la menace, ce qui a entrainé une grossesse », a indiqué l'ONG Jossour (Passerelles, NDLR), Forum des femmes marocaines qui dit ne pas comprendre le verdict. « Il (le verdict) est injuste pour la victime », a jugé Joussour, qui réclame « des peines plus sévères face à ce crime odieux ».
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Pour sa part, la sociologue marocaine Soumaya Naamane Guessous, dans une lettre ouverte adressée au ministre de la Justice, n’a pas hésité à dénoncer « une injustice inadmissible ». L'association INSAF s’est, elle aussi, jointe à la cause de la mineure victime du « viol à répétition », en annonçant faire appel du jugement.
Ce qui est bizarre dans cette affaire est que, selon le Code pénal marocain, les coupables encouraient entre 10 à 20 ans de prison. En effet, pour le chef d’inculpation « détournement de mineurs par la fraude », le Code pénal marocain prévoit des sanctions allant de 5 à 10 ans de prison. Et pour l’ « attentat à la pudeur sur mineur avec violences », le même code prévoit des peines de 10 à 20 ans de prison.