Des milliers de médecins quittent l'Algérie chaque année, faisant le bonheur d'autres systèmes de santé dans le monde, notamment celui de la France. Pour des raisons multiples, ces médecins algériens préfèrent l'exil et partent exercer sous des cieux plus cléments.
Les professionnels de la santé publique ne cessent de tirer la sonnette d’alarme évoquant une « hémorragie », en parlant de ce phénomène d'exode des médecins algériens. Il n’est d’ailleurs pas exclu, au rythme où vont les choses, que nos structures et établissements de santé se « vident » carrément de leurs médecins, notamment avec la multiplication des offres d’emploi à l’étranger et particulièrement l’augmentation à 2700 des postes de médecins ouverts aux étrangers par la France, où 1200 médecins algériens avaient déjà réussi en 2022 les épreuves de vérifications des connaissances (EVC).
Ces praticiens rejoindront les 5000 médecins algériens déjà en exercice dans les différentes structures sanitaires françaises, selon les chiffres révélés récemment par le président l'Ordre national des médecins, le docteur Mohamed Bekkat Berkani.
Il faut agir pour limiter le départ des médecins algériens à l'étranger
« Il faut agir vite, non pas pour arrêter l’exode de nos médecins vers l’étranger, mais pour limiter cette hémorragie », avec des mesures incitatives pour garder cette « matière grise » au niveau national, a recommandé, ce lundi 24 avril, Dr Ilyes Akhamouk, chef de service des maladies infectieuses au niveau de l’Établissement public hospitalier de Tamanrasset. Intervenant sur les ondes de la Radio nationale, Dr Akhamouk est formel. Pour lui, le manque de moyens et l'absence d’une réelle prise en charge démotivent les médecins dans la plupart des villes algériennes.
Plus explicite, il a relevé que dans certaines villes, notamment celles de l’intérieur du pays, le manque de moyens est criant. Dans d’autres, des radiologues ne veulent pas y exercer à cause de l’absence d’IRM. Énumérant d’autres contraintes socio-économiques à l’instar des problèmes de logement, de rémunération, de transport, l’intervenant assure que travailler des années durant sans matériels, « c’est perdre sa formation ».
Il est également question, aux dires de Dr Akhamouk, d’élaborer une stratégie pour inciter les médecins à s’installer dans les wilayas du Sud et frontalières où « le risque de réémergence de maladies infectieuses importées n’est pas à écarter ». Pour parer à cette hémorragie, il faut également, « s'assurer que ces jeunes diplômés exercent leur métier de médecin […] et leur offrir des solutions socioprofessionnelles évolutives dans le temps », plaidait pour sa part Bekkat Berkani.
C’est dire que tous les discours portant sur l’amélioration des conditions socio-économiques des médecins algériens restent sans suite. En janvier 2022, le Premier ministre, qui présidait la cérémonie d'ouverture des Assises nationales de la médecine, avait pourtant relevé la nécessité de stopper « les départs massifs des médecins à l'étranger ».