Depuis les années 1960, plus de 200'000 individus ont reconquis la nationalité française par réintégration. C’est ce que révèle une étude de l'Institut national d'études démographiques (INED), publiée mardi 27 février, et qui souligne que ce phénomène est en déclin progressif.
L’INED indique qu’à partir des années 1970, la procédure de "réintégration" à la nationalité française a pris de l'ampleur, représentant de 4 à 7% de toutes les acquisitions de la nationalité entre 1980 et 2010. Parmi les demandeurs, les Algériens représentent la majeure partie, sans décliner toutefois, le nombre exact. A titre d’exemple, en 2005, la France a enregistré plus de 10'000 réintégrations, dont près de 9000 sont Algériens.
L'étude rappelle que l’indépendance de l'Algérie en 1962 a vu environ 60'000 personnes choisir de maintenir leur nationalité française. Cependant, à partir de 1967, ceux qui n'avaient pas effectué cette démarche ont été considérés comme ayant perdu rétroactivement leur nationalité française (à partir de 1963). Néanmoins, les Algériens nés avant l'indépendance et installés en France ont pu demander "leur réintégration" par décret, provoquant une augmentation progressive de cette modalité d'acquisition de la nationalité française.
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La population éligible à la réintégration à la nationalité française a diminué
Les chiffres montrent que la dichotomie entre citoyenneté française et étrangère n'est pas aussi tranchée qu'on pourrait le croire. "Cela rappelle que la nationalité n'est pas ce qui structure le plus les identités. Il y a un peu plus d'un demi-siècle, la nationalité comptait beaucoup moins", analyse Emmanuel Blanchard, chercheur associé à l'INED et co-auteur de l'étude
L’INED souligne enfin, qu’au cours de la dernière décennie, la population éligible à la réintégration à la nationalité française a diminué, principalement en raison de la baisse du nombre de personnes nées avant les indépendances. Cela s'est répercuté sur le nombre des demandes.
Outre les personnes d'origine algérienne, celles d'origine vietnamienne et des anciens territoires d'Outre-mer sont également représentées dans le processus de réintégration. Le nombre annuel de réintégrés a chuté de manière significative depuis le début des années 2000. En 2020, moins de 800 personnes ont recouvré la nationalité française, qu'elles soient nées ou non dans l'ancien Empire colonial.