One, Two, Three, je retourne en Algérie : Ces Franco-algériens qui quittent la France

Depuis quelques années, un mouvement migratoire singulier se dessine au sein de la jeunesse franco-algérienne. N'ayant plus leur place au sein de la société française et en quête d'un avenir meilleur, de plus en plus de jeunes choisissent de quitter la France pour s'installer en Algérie.

Le retour au pays d’origine d’une jeunesse née en France et n’ayant jamais vécu en Algérie est une réelle tendance, rapporte Boulevard Voltaire dans un reportage publié le 4 juin. Ce phénomène, symbolisé sur les réseaux sociaux par le slogan viral « One, two, three, je retourne en Algérie », alimente de vifs débats.

Les raisons de ce retour au pays natal sont multiples et complexes. Pour certains, il s'agit d'une réaction à un sentiment d'exclusion et de discrimination croissant en France. Adel, figure populaire de TikTok, résume ce ras-le-bol dans une vidéo cumulant près de 600'000 vues : « j'aime plus ce pays, ce qu'il est en train de devenir. J’ai l’impression d’avoir vu le vrai visage de la France ».

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D'autres sont animés par un désir de renouer avec leurs racines et de se reconnecter à leur identité algérienne. Naila, 23 ans, exprime ce sentiment sur son compte TikTok : « mes parents sont arrivés en France en 1995, 2024 : je quitte ce pays et je retourne au bled ». Pour beaucoup, l'Algérie représente une alternative prometteuse aux difficultés rencontrées en France. Un autre slogan largement partagé sur la toile : « 99 problèmes : (drapeau français) ; 1 solution : (drapeau algérien) », résume l’aspiration de cette nouvelle génération à un nouveau départ.

@adel_dz30

Je quitte la France 🇫🇷 pour l’Algérie 🇩🇿 #algerie #jequittelafrance

♬ son original - Adel_dz30

À la recherche d'opportunités en Algérie

Au-delà des réseaux sociaux, ce mouvement migratoire prend une ampleur croissante. Maher Mezahi, journaliste, qualifie ce phénomène d'« immigration inversée ». Son propre retour en Algérie, malgré les obstacles administratifs et sanitaires, est motivé par un profond sentiment d'appartenance : « la liste des inconvénients s'estompe lorsque je réalise que je rentre chez moi ».

Nabil Mati, chercheur au CNRS, analyse ce retour dans un article pour El Moudjahid. Il souligne le sentiment de rejet ressenti par certains jeunes franco-algériens face à une société française perçue comme de plus en plus hostile : « certains enfants d'immigrés souhaitent s'installer et investir en Algérie pour préserver leur dignité, leur culture et leur identité ».

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Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, identifie deux motivations principales à ce retour : la recherche d'un environnement plus favorable à la pratique religieuse et les opportunités professionnelles. Pour ces jeunes, souvent de la deuxième ou troisième génération, la France est parfois perçue comme un pays raciste et islamophobe. En Algérie, ils espèrent vivre leur foi plus librement tout en conservant la nationalité française comme sécurité.

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Driencourt met également en avant l'attrait des opportunités économiques en Algérie : « ce sont de jeunes Franco-Algériens très diplômés qui créent leurs boîtes en Algérie, car la main-d'œuvre et les loyers sont moins chers ». L'Algérie est perçue comme une terre d'opportunités pour les entrepreneurs innovants, offrant un terrain fertile à leurs ambitions. Ce retour des jeunes est activement encouragé par les autorités algériennes. Des mesures incitatives administratives, financières et fiscales sont mises en place pour attirer les cadres et les entrepreneurs.


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