Refus du visa Schengen : Soupçons de discrimination envers les Africains

Les taux de refus de visa Schengen pour les Africains, aux motifs souvent opaques, soulèvent des soupçons sur d'éventuelles pratiques discriminatoires. L'obtention d'un visa Schengen pour les ressortissants africains s'avère souvent être une procédure longue et compliquée, semée d'embûches.

Les consulats européens justifient les refus de visa par des motifs variés, tels que des dossiers incomplets, des doutes sur la véracité des intentions de voyage, ou des préoccupations liées à la sécurité publique. Cependant, le manque de transparence et de justification claire dans certains cas alimente des soupçons de discrimination. Les demandeurs africains se retrouvent souvent confrontés à des refus arbitraires, après avoir fourni des pièces justificatives conséquentes et dépensé des sommes importantes.

Les témoignages de demandeurs de visas africains illustrent la frustration et la tromperie engendrées par les refus. Des récits comme celui de l'étudiant sénégalais Baye Niass rapporté par la BBC, dont la demande minutieusement préparée a été rejetée, suscitent des doutes. Les frais de visa non remboursables représentent une perte financière non négligeable pour les demandeurs.

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56,3 millions d'euros de perte en frais de visa Schengen

Les chiffres confirment l’ampleur de la discrimination potentielle à l’égard des demandeurs africains. Selon l'European Union Observer, 90 % des coûts liés aux visas refusés concernent les ressortissants africains et asiatiques. En 2023, 704'000 demandes africaines ont été rejetées, soit 41,3 % du total des refus pour un montant de 56,3 millions d'euros de perte en frais de visa. Ces statistiques alarmantes révèlent un déséquilibre flagrant dans le traitement des demandes de visa.

Marta Foresti, fondatrice du collectif LAGO souligne que « l'inégalité en matière de visas a des conséquences très tangibles... Ce sont les plus pauvres du monde qui en paient le prix. On peut considérer les frais de visas refusés comme des transferts de fonds inversés, c'est-à-dire de l'argent qui va des pays pauvres vers les pays riches, nous n'entendons jamais parler de ces coûts lorsque nous discutons de l'aide à la migration, il est temps de changer cela ».

L'Afrique doit engager des négociations

L'expert en relations internationales, Mouhamad Maiga, estime que les refus de visa s'inscrivent souvent dans un contexte diplomatique complexe. Selon lui, les États africains doivent engager des négociations avec leurs homologues européens pour parvenir à une politique de visa plus équitable. La politique migratoire sélective actuelle crée un déséquilibre qui appelle à des réformes profondes.

Il souligne que le principe de réciprocité, qui autorise les pays africains à appliquer des mesures similaires à celles imposées par l'Union européenne, demeure difficile à mettre en œuvre. Le manque de pouvoir de négociation de certains États africains limite leur capacité à imposer des restrictions équivalentes aux pays européens.

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Il est important de souligner que l'Afrique du Nord concentre un nombre important de demandes de visa Schengen. En 2023, l'Algérie a enregistré 13 millions d'euros de dépenses liées aux visas refusés, suivies par le Maroc (11 millions d'euros) et l'Égypte (3,75 millions d'euros). Le Nigeria et la Tunisie complètent le top 5 des pays africains les plus touchés par ce phénomène.


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