Algérie : Quand l'ENTV dément l’existence de cas d’emprisonnement de journalistes

Algérie : Quand l'ENTV dément l’existence de cas d’emprisonnement de journalistes

Allaeddine Bouchib et Hakim Maazouzi, deux magistrats du tribunal de Sidi M'hamed, ont réfuté les accusations selon lesquelles des journalistes ont été emprisonnés pour l'exercice de leurs fonctions. Dans une intervention à la télévision publique, ils assurent qu'il n'y aucun journaliste en prison.

En effet, Allaeddine Bouchib, procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed (Alger), et Hakim Maazouzi, procureur général adjoint, ont affirmé conjointement, sur le plateau de la télévision publique, que les journalistes Khaled Derarni et Sofiane Merakchi n'ont pas été mis aux arrêt en raison de leur métier de journaliste. Pour les deux magistrats, aucun journaliste algérien n'est incarcéré pour l’accomplissement de son travail.

Dans son intervention télévisée, Allaeddine Bouchib avance que les faits reprochés aux deux détenus n'ont rien à voir avec la presse « mais avec le droit public » . Pour étayer, Hakim Maazouzi soutient que les poursuites contre les journalistes ont été lancées « sur la base de plaintes de citoyens, d'institutions ou d'organismes », touchant, selon le procureur général adjoint, à « la vie privée» ou relevant de la « diffamation et de la propagande ».

L'avocat Abdelghani Badi réagit

Ces déclarations étonnantes ont suscité de vives réactions parmi les avocats de la défense, dont Abdelghani Badi. Scandalisé, celui-ci a appelé, dans une publication écrite sur sa page Facebook et adressée particulièrement au directeur de la télévision algérienne, Ahmed Bensebane, les normes devant présider à un « travail journalistique honnête ». Abdelghani Badi a également rappelé que l'article 147, alinéa 1 du Code pénal, « interdit explicitement toute influence sur la décision de justice avant son établissement »

Pour l'avocat il s'agit d'une « une grave dérive ». «Les procureurs ont plaidé avant l’audience. Nous avons assisté à un dérapage pour la presse (EPTV, ndlr) et pour la justice. Pourquoi ? Parce que la loi interdit l’exercice de toute influence sur le cours de la justice. Mais ce que nous avons vu hier (vendredi, ndlr) au journal télévisé de l’EPTV est un grave dépassement. Les procureurs qui se sont exprimés ont influencé la justice», a-t-il ajouté.

L'avocat de la défense fait remarquer que lorsque la télévision publique reçoit deux magistrats pour « mener une compagne de blanchiment des précédents du pouvoir », elle se doit, « par professionnalisme et sous l'angle de l'avis contraire », accorder un droit à la défense de donner son point de vue et informer l'opinion publique sur la nature des dossiers.

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