Coronavirus en Algérie : Le cri de détresse du corps médical

Des jeunes en train de désinfecter leur environnement avec des flacons de liquide hydroalcoolique nécessaire pour lutter contre le coronavirus

Les personnels médical et paramédical multiplient leurs appels de détresse face à l’absence de moyens de protection sanitaire. En Algérie, tenter de sauver des vies sans protection équivaut à une contamination certaine. Les personnels de la santé font face à un dilemme de taille : sauver des vies en se mettant en danger, ou se préserver et préserver les leurs ? 

Chaque jour, pour les professionnels de la santé, s'apparente à un parcours de combattant. En cause, un système de santé obsolète qui montre, chaque jour, notamment depuis l'apparition du coronavirus en Algérie, son incapacité à faire face aux conséquences d'une pandémie.

Partageant ce constat, une professeure du nom de Sadiq Khadidja, cheffe du service psychiatrique de l’hôpital Frantz Fanon de Blida, manifeste publiquement, dans un message qui circule sur les réseaux sociaux, son soutien au corps médical de Blida, qui s’est lancé dans une grève de 7 heures. Un arrêt de travail motivé par l’absence affligeante de moyens de prévention contre le coronavirus. «Ni gants, ni masques, ni liquides antiseptiques, ni alcools, ni chemises jetables », dénoncent-ils.

Le corps médical de Blida en grève

« Leur grève est légitime, je les soutiens et leur en donne le droit. Ils ont aussi des familles, des enfants qui les attendent après leur retour du travail », argue la praticienne. Et de s'interroger : « Où est l’Etat algérien ? Où sont les 50 millions de masques M. le Président ? Et le ministre de la Santé ? Où est le directeur de la santé de la wilaya de Blida ?». Elle avance aussi qu’il y aurait trois nouveaux décès non déclarés, mettant l’accent sur l'incapacité d'un seul laboratoire, à savoir celui de l'Institut Pasteur, de réaliser plus de 60 tests de dépistage quotidiennement. Les résultats des analyses arrivent, d'ailleurs, tardivement, et parfois après la mort du sujet. S’adressant au président Abdelmadjid Tebboune, la médecin soutient « qu’il est inacceptable de voir mourir des personnes sans réagir». Et d'asséner : « C'est un meurtre volontaire, l’Etat algérien tue son peuple au lieu d’essayer de le sauver !».

Il faut dire que l'absence de matériel médical est un problème majeur auquel font face tous les établissements publics de santé en Algérie. Ce qui donne parfois lieu à des situations insolites, comme ce fut le cas dans cet hôpital de Bordj Menaïel, dans la wilaya de Boumerdes, où l'on a placardé une note portant les mentions suivantes : « L’établissement a décidé de suspendre tous les soins et les opérations programmées à cause de la présence d’un patient atteint du virus Covid-19 ».

Les médecins appellent au confinement

Il y a aussi ce message de désespoir d'une femme médecin de l’hôpital Maillot qui a été largement partagé par les internautes. Cette dernière, en larmes, appelle au confinement, seule mesure à même de ralentir la progression du virus. Elle souligne que les médecins ne peuvent absolument rien pour les cas infectés, révélant qu'elle et ses collègues ont dû intuber un patient sans gants de protection.

Ainsi, le corps médical tente de faire comprendre, à travers ses multiples SOS, qu'il ne peut plus continuer à s'exposer au danger de contamination sans moyens de protection dignes de ce nom et dans des structures sous-équipées.

Ainsi, la crise sanitaire qui secoue l'Algérie est alarmante à plus d'un titre. Eu égard à ses moyens de lutte dérisoires, le pays, qui constitue une porte d'entrée vers l'Afrique, risque l'hécatombe. Il faut rappeler qu'il détient, après un mois de l'apparition du virus en Algérie, le record mondial de mortalité par le Covid-19. Les médecins ne cessent de sonner le tocsin, reprochant au gouvernement la souplesse de ses mesures face à une crise sans précédent. En effet, le danger est bien réel, mais le gouvernement, jusque-là, n'a pas réagi de manière coercitive. Pourtant, nos voisins, le Maroc et le Tunisie, ont respectivement décrété l'état d'urgence sanitaire et le confinement général.

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