L'Algérie écarte le Maroc de la médiation en Libye

Abdelmadjid Tebboune, Khafila Haftar, Fayez al-Sarraj et Mohamed VI

L'Algérie semble aller vers un écartement définitif du Maroc dans les tentatives de résoudre la crise en Libye. L'on peut considérer la Conférence de Berlin comme une sorte de coup de grâce à la tentative marocaine de surclasser l'Algérie dans le dossier libyen. Une tentative qui remonte au mois d'avril 2019 quand le mouvement populaire en Algérie occupait les responsables de l'Etat.

En avril, la monarchie marocaine faisait comme si elle voulait profiter des difficultés de l'Etat algérien pour se replacer sur la scène internationale. En fait, pour Mohamed VI, il s'agissait non seulement de replacer sa diplomatie mais aussi d'empiéter sur les plates bandes de l'Algérie. Sinon, comment expliquer l'intervention marocaine dans le dossier libyen ? Alors que c'est l'Algérie qui partage avec la Libye près de 1 000 kilomètres de frontières.

En effet, à la fin du mois d'avril dernier, le Maroc a initié une rencontre entre les deux belligérants dans le dossier libyen. Le roi Mohamed VI avait accueilli les deux délégations dans la ville balnéaire de Skhirat, située entre Casablanca et Rabat. Cette rencontre a fait jaser du côté d'Alger, mais les autorités algériennes ont joué la discrétion. D'autant plus que l'initiative avait le soutien des principaux soutiens du maréchal Khalifa Haftar, en l'occurrence la France, l'Egypte et les Emirats arabes unis.

Mais depuis, l'eau a coulé sous les ponts. La conférence sur la Libye que l'Allemagne d'Angela Merkel a accueillie récemment n'a pas jugé utile d'inviter le souverain alaouite. Une façon très diplomatique de dire à Mohamed VI que le Maroc n'est pas concerné par la situation en Libye. Même si le maréchal Haftar a tout fait pour l'intégrer dans la médiation.

En effet, Haftar a envoyé son ministre des affaires étrangères Abdelhadi Lahouij chez nos voisins de l'Ouest. L'objectif principal était de faire en sorte que le Maroc soit pris en compte par les organisateurs de la Conférence de Berlin. Mais, les soutiens de Rabat n'étaient pas seuls dans l'initiative allemande. Et les organisateurs ont décidé de rester logiques dans leur action.

Il faut dire en outre que la position de l'Algérie est plus défendable sur la scène internationale. Alger a toujours invité à privilégier la solution politique dans cette crise entre le Gouvernement de Fayez Al Sarraj et le Parlement soutenu par le maréchal Haftar. Même s'il est clair que les Algériens ne sont pas en odeur de sainteté avec le maréchal de l'Est libyen. Mais le soutien sans ambages du Maroc pour Haftar a joué contre ce pays dans cette question de médiation.

C'est aussi ce qui a permis à l'Algérie de se mettre aux devants de la scène dans le dossier libyen. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que quelques jours avant la Conférence de Berlin, Alger a connu un ballet diplomatique qui a vu se succéder les chefs de la diplomatie de plusieurs pays, comme l'Egypte, la Turquie et l'Italie, mais aussi des délégations libyennes des deux parties en conflit.

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