Entretien avec Khaled Drareni : « La diaspora est une partie de nous, elle a fait un travail extraordinaire »

Entretien avec Khaled Drareni : « La diaspora est une partie de nous, elle a fait un travail extraordinaire »

Pas moins de six jours nous séparent du 22 février, une date devenue historique pour les Algériens, dont une partie la considère comme le commencement de la Révolution du sourire et une autre comme étant le premier pas vers la liberté. Khaled Drareni, journaliste et l’une des figures du mouvement populaire, en parle... (Entretien  recueilli par Bachir Mokhtari )

Le 22 février, une année de mouvement populaire... Comment peut-on évaluer les constats de ce mouvement inédit ?

Le constat est extrêmement positif. On doit faire le bilan d'une année de manifestations et de contestations parce que la mobilisation, bien qu'elle ait baissé en nombre- et c'est normal- reste intacte. Beaucoup de choses ont été obtenues et beaucoup reste à faire. Quand on voit l'attitude des autorités et du gouvernement, on a plus envie de poursuivre la lutte, car le chemin est très long.

Une année après, la transition démocratique en Algérie vous semble-t-elle toujours possible ?

Je ne sais pas si on peut parler de transition démocratique... Certains disent même que ce gouvernement est un gouvernement de transition parce qu'il vient de probables élections. Je pense que l'ouverture démocratique est une absolue nécessité aujourd'hui. Pour le moment, on est encore loin de toute ouverture démocratique et tous les signes le démontrent.

Le mouvement populaire insiste : il n’y aura pas de dialogue tant que le pouvoir n’applique pas des mesures d’apaisement. Si le pouvoir répond à cette exigence, qui va dialoguer avec lui ?

Il est encore prématuré de parler de dialogue, de discussions ou de négociations, déjà parce que les autorités ne veulent pas dialoguer avec le Hirak, ni avec ses figures. Elles (les autorités, ndlr) ont créé leur propre commission de dialogue, celle de Karim Younes, ont dialogué avec elles-mêmes et sont arrivées à leurs propres conclusions. Je pense que c'est l'heure de la poursuite de la mobilisation, l'heure d'un bilan d'une année de réussite, l'heure de construire un projet d'avenir pour tous les Algériens et toutes les Algériennes. Par la suite, on verra s'il y a possibilité de dialogue ou pas. Ce qui est certain, c'est que maintenant, il n'y a aucune possibilité de dialogue avec un pouvoir illégitime.

Le président Tebboune a promis de garantir la liberté d’expression et de la presse. En tant que journaliste, ressentez-vous un changement ?

Tebboune est mal placé pour parler de la liberté de la presse qui ne fait manifestement pas partie de ses priorités. Pour lui, la presse est un salaire, un logement, un sandwich (il l'a lui-même souligné)... et non la liberté d'expression, qui est un droit sacré que les autorités ne veulent pas comprendre. C'est pour cela que notre combat est encore long, que nous devons nous remobiliser et rappeler qu'il y a encore un journaliste en prison qui s'appelle Merakchi Sofiane. (En savoir plus )

La rencontre nationale prévue le 20 février est toujours au programme ?

Evidemment, elle est toujours maintenue. J'espère que nous pourrons la tenir à la salle Harcha, comme prévu. Pour l'instant, nous n'avons pas prévu de plan B. Mais en cas de changement éventuel de programme, nous informerons l'opinion publique. (En savoir plus)


En tant que l’une des figures du Hirak, comment imaginez-vous l’avenir de ce mouvement inédit en Algérie et partout dans le monde grâce à notre diaspora ?

Je suis personnellement optimiste quant à ce que réalise le Hirak si admirablement. Je suis agréablement surpris tous les jours par la mobilisation des Algériens, leur prise de conscience... Je pense que ce mouvement va se poursuivre jusqu'à la réalisation de nos objectifs principaux et le départ de ce système. On sait très bien qu'il ne va partir dans quelques jours, quelques semaines et même dans quelques années, mais le plus important c'est le processus de départ de ce système qui doit absolument commencer.
La diaspora est une partie de nous, elle a fait un travail extraordinaire. Parfois, je me dis même que la communauté algérienne établie à l'étranger souffre plus que nous parce qu’il y a la distance. J’ai beaucoup d'amis qui habitent en Europe et partout dans le monde qui me disent qu'on suit la l'actualité algérienne grâce à vous, grâce aux journalistes.

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