L’ancien directeur de l'Institut Pasteur en Corée du Sud a émis de sévères critiques sur les mesures prises par l'Algérie pour lutter contre la pandémie du coronavirus. Le Dr Hakim Djaballah a affirmé, dans une interview accordée au quotidien Echourouk, mercredi 31 mars, que les chiffres annoncés par le gouvernement algérien sont au deçà des réalités à cause des capacités limitées de l’Institut Pasteur d'Algérie en charge du dépistage.
Le virologue explique que « la pandémie est arrivée en Algérie deux semaines après son apparition dans les pays du nord de la Méditerranée. En Algérie, le nombre de cas est sous-évalué à cause des capacités limitées dans le dépistage. L'Institut Pasteur n’effectue que 90 opérations de détection par jour, et ce nombre est très peu ». Hakim Djaballah indique que ces capacités de dépistage ne peuvent pas faire face à « la menace à laquelle nous sommes confrontés ». Le docteur alerte sur le risque élevé de contamination et affirme qu’ « à la lumière de ce qui se passe, je m’attends à ce que le nombre d'infections atteigne environ 20 000 à 30 000 cas au 15 avril ».
Les mesures prises par le gouvernement inefficaces
Par ailleurs, le Dr Hakim Djaballah s’est exprimé sur les mesures prises par le gouvernement. Il considère que « les mesures de confinement partiel approuvées par les autorités supérieures n'aident pas à limiter la propagation du virus, et en tant que spécialiste du virus, je n'ai pas compris cette procédure, ce qui signifie que lorsque vous laissez la liberté de mouvement et la sortie aux gens pendant la journée, vous les empêchez pendant la nuit, comme si vous leur dites de sortir pour attraper le virus et de revenir en l'amenant chez vous et dans vos familles ». Il affirme que « cette mesure n'a aucun sens, elle représente plutôt un danger pour la sécurité des citoyens ».
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Hakim Djaballah a aussi exprimé ses craintes par rapport à la propagation de la pandémie. « J’ai vraiment peur pour l'Algérie, imaginez que si nous atteignons 20 000 ou 30 000 cas. La situation pourrait être pire que l'Italie, car cette dernière a un système de santé avancé, et elle a un grand potentiel, et pourtant elle n'a pas pu contrôler la situation ». Le médecin interpelle par ailleurs l’Institut Pasteur afin qu’il permette au secteur privé d’effectuer le dépistage afin de prévenir des cas contaminés. Il conclut par appeler les autorités à mettre en place le confinement total et strict pour éviter l'hécatombe.
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