L'Algérie est « loin d'en finir avec le marché informel de la devise »

Montage : Le marché noir des devises

Alors que plusieurs analystes et observateurs de la situation économique prévoient la fermeture imminente des marchés noirs des devises, l’économiste et enseignant à l’université de Tizi Ouzou Mohamed Achir affirme que le secteur informel a encore de beaux jours devant lui, dans une interview accordée au quotidien El Watan et parue dimanche 19 avril.

Mohamed Achir a balayé d'un revers de la main les affirmations de certains experts sur la disparition du marché noir des devises. Il explique que « nous sommes vraiment loin de la fin du marché du change informel, d’autant plus que les périodes de crises sont souvent réputées comme des occasions propices à la résurgence des pratiques économiques informelles ». Il relativise la baisse de la devise européenne, pensant « qu’il s’agit d’une légère baisse conjoncturelle (un euro contre 185 dinars) engendrée évidemment par la pandémie de Covid-19. ».

L’économiste précise que « le marché informel des devises est lié aux transactions de la sphère économique officielle, c’est-à-dire qu’ il est affecté directement et indirectement par un certain nombre de facteurs, comme la variation à la baisse ou à la hausse du taux de change officiel, les prix du pétrole, le mouvement des personnes à l’international, les envois de fonds des émigrés, le tourisme, les flux d’importations et d’exportations…. De plus, les mesures de confinement et la fermeture des frontières ont freiné les transactions de l’économie de la contrebande ».

Les bureaux de change sont-ils une solution ?

Par ailleurs, Mohamed Achir souligne que l’autorisation de l'ouverture de bureaux de change officiels par la Banque d’Algérie n’est pas nouvelle. Il rappelle que ces derniers « sont autorisés depuis la fin des années 1990 ». Il explique que ces établissements « n’ont pas apporté une réponse au problème des marchés de change parallèle, leur activité est très limitée. Ils ne sont pas attractifs et ne peuvent pas mobiliser les devises qui circulent dans le marché informel étant donné que ce dernier rémunère mieux et que le différentiel entre le taux officiel et le taux parallèle est très important ».

L’économiste affirme que les bureaux de change ne pourront pas impacter le marché noir. Il indique que « ces bureaux, avec la réglementation actuelle, sont très loin de constituer une solution. »

Mohamed Achir préconise, enfin, d’« aller vers la révision de l’allocation devises pour les personnes physiques en fonction des motifs de voyage et des catégories professionnelles ; le captage des envois de fonds des émigrés par des banques algériennes et la créations de succursales ou de filiales à l’étranger ; l’assoupissement de la réglementation des changes pour les entreprises dans la gestion d’une partie devises liée à leurs activités ».

En savoir plus : Algérie Bourse – Devises et taux de change du dinar algérien

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