L’Algérie veut reprendre la main dans la médiation politique liée au dossier libyen. Les derniers développements de la situation dans ce pays ont été, jeudi 30 avril, au centre des discussions entre le ministre algérien des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, et ses homologues sud-africain, tunisien, français et libyen, lors d’entretiens téléphoniques. Le chef de la diplomatie algérienne a insisté sur la solution pacifique et consensuelle, considérée par Alger comme l’unique voie à même de faire aboutir le processus politique dans ce pays.
Le ministre des Affaires étrangères a exprimé les vives préoccupations de l’Algérie face aux dernières évolutions de la situation politique en Libye. Il a rappelé la position immuable de l’Algérie et son attachement à une solution pacifique et consensuelle basée sur un dialogue inter-libyen. Alger considère que seul un processus politique souverain, chapeauté par l’ONU, garantira la souveraineté et la stabilité du pays dans les meilleurs délais.
Le chef de la diplomatie algérienne a souligné que tout changement politique en Libye doit impérativement se faire via un processus démocratique et non militaire. Sur ce registre, Alger reste imperturbable, elle a toujours invité à privilégier la solution politique dans cette crise entre le gouvernement de Fayez Al Sarraj et le Parlement soutenu par le maréchal Haftar.
Il faut dire que la réaction de l’Algérie n’est pas sans contexte. L’annonce de Khalifa Haftar, lundi, de la fin de l’accord de Skhirat, en affirmant aussi être porteur d’un « mandat du peuple », fait craindre, à Alger, une aggravation de la situation en Libye. Le Gouvernement d’union nationale (GNA), dirigé par Fayez Al Sarraj, basé à Tripoli, a dénoncé un énième « coup d’Etat » .
L’initiative du chef de la diplomatie algérienne sert aussi à rappeler que l’Algérie, première puissance militaire et politique de la région, ne peut être écartée de la médiation dans le conflit libyen. Alger veut répondre à l’intense lobbying mené par certaines capitales arabes contre la nomination de l’ancien ministre algérien Ramtane Lamamra au poste de représentant spécial et chef de la mission d’appui des Nations unies en Libye.
Pour rappel, la nomination de Ramtane Lamamra en tant qu’envoyé spécial de l’ONU en Libye a été bloquée par les Etats-Unis, malgré l’approbation rapide de 14 des 15 pays membres du conseil de sécurité de l’ONU. Le veto imposé par les Américains à la candidature de Lamamra est motivé par certains alliés arabes des États-Unis, notamment les Émirats arabes unis, l’Egypte et le Maroc.
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