Coronavirus : L’Algérie a-t-elle perdu le contrôle ?

La propagation du coronavirus en Algérie a pris des proportions inquiétantes. La situation semble échapper au contrôle des autorités qui n'arrivent pas à endiguer la pandémie, plus de trois mois après son apparition en Algérie. Plusieurs wilayas du pays connaissent une recrudescence grave de cas positifs, après le déconfinement progressif décidé par le gouvernement.

Cette situation donne lieu à des interrogations sur les capacités du gouvernement à gérer cette crise sanitaire. En effet, les mesures prises par ce dernier ont montré leurs limites. Les hôpitaux sont saturés, les moyens humains et matériels manquent cruellement. Le gouvernement reste cependant dans l’expectative et les discours rassurants, en contradiction avec la réalité du terrain.

Ainsi, la situation s'aggrave de plus en plus dans certaines wilayas du pays, à l'instar de Sétif et de Biskra. Le système de santé n'arrive plus à répondre aux besoins des citoyens dans cette conjoncture où les chiffres de contamination explosent. Des citoyens postent chaque jour des vidéos montrant l’état de délabrement dans lequel se trouvent les hôpitaux du pays, notamment les services dédiés au coronavirus. De plus en plus de médecins, interpellant les citoyens, s’expriment pour alerter sur la gravité de la situation. On peut ajouter à cela les informations qui font état du manque d’oxygène dans certains hôpitaux.

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Les hôpitaux saturés

Plusieurs responsables des services des soins au niveau des hôpitaux ont tiré la sonnette d’alarme sur la hausse des contaminations et la capacité d’accueil des centres hospitaliers. Ils révèlent que la situation devient de plus inquiétante. Zoubir Rekik, directeur général de CHU Nafissa Rekik (ex-Parnet), à Alger, a indiqué, lors de son passage sur la radio Chaîne 3 : « Nous sommes engagés contre un ennemi dangereux et invisible ». Il ajoute : « Nous avons constaté que ces derniers jours, il y a une virulence horrible de ce virus et nous sommes passés à un plan B ».

Face au manque de moyens, Zoubir Rekik appelle les citoyens à « se responsabiliser sur la situation qui risque de dégénérer ». Le Pr Belkacemi, chef du service Covid-19 au CHU ex-Parnet, abonde dans le même sens : « Le service du traitement du Covid-19 affiche complet avec 18 malades admis, et d’autres qui attendent leur admission ». Le professeur révèle aussi que « plusieurs malades, parfois lourds, sont soit orientés à des soins à domicile, soit à d’autres hôpitaux » .

Ce constat est valable pour plusieurs autres hôpitaux du pays, notamment ceux de Sétif et Biskra, dont le personnel de la santé ne cesse d'alerter l’opinion publique sur leur situation dramatique.

Les réactions attendues des pouvoirs publics

Face à la dégradation de la situation et les débordements, le pays n’a pas encore atteint les chiffres qu’ont connus plusieurs pays. Les experts exhortent les citoyens à respecter la distanciation sociale ainsi que le port de la bavette. Les médecins et tout le personnel de la santé appellent à une réaction urgente des autorités pour éviter la catastrophe.

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Ces derniers remettent en cause le déconfinement progressif ainsi que la lenteur des autorités dans la prise de décision. Ils appellent à lancer de larges campagnes de sensibilisation et à éviter les discours trop rassurants, à un moment où même les pays disposant des meilleurs systèmes de santé se disent en état de guerre. Ces spécialistes préconisent, aussi, de sévir contre les récalcitrants.

Par ailleurs, le personnel de la santé appelle les pouvoirs publics à mettre à la disposition des hôpitaux les moyens nécessaires pour faire face à la pandémie et mettre fin au problème du manque d’oxygène.

Durcissement du confinement à Sétif et Ouargla

Face à la dégradation de la situation épidémiologique dans la wilaya de Sétif, le ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territorial a décidé de durcir le confinement dans beaucoup communes de la wilaya. Il s'agit de Sétif, El Eulma, Aïn Azel, Aïn Oulmene, Aïn El Kebira, Aïn Arnat, Bir Haddada, Beïda Borj, Bazer Sakhra, Guelta Zerg, Aïn Roua, Aïn Lahdjar, Beni Ouassine, El Ouricia, Aïn Abassa, Ksar El Abtal et Guellal. Ces communes sont soumises à un couvre-feu de 13 heures à 5 heures pendant 15 jours.

La même décision a été prise pour la wilaya de Ouargla. L'ensemble des communes de cette dernière seront soumises un confinement partiel de 17 heures à 5 heures le lendemain. Cette décision a été prise ce jeudi 9 juillet par le ministère de l’Intérieur.

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