Nous allons tenter aujourd'hui de mettre la lumière sur le phénomène de l'antisémitisme en Algérie. Essayons donc de répondre dans cette vidéo à deux questions essentielles : les Algériens sont-ils antisémites ? Si oui, pourquoi ?
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Qu'est-ce que l'antisémitisme ?
Tout d'abord, il est utile, en premier lieu, de définir l'antisémitisme. Le dictionnaire Larousse définit ce phénomène comme étant "la doctrine ou attitude systématique de ceux qui sont hostiles aux juifs et proposent contre eux des mesures discriminatoires". Si l'hostilité à l'égard de tout ce qui a un rapport avec les Juifs est un phénomène bien présent en Algérie, il n'existe, en revanche, aucune loi ou texte officiel qui pratique la discrimination à l'égard des membres de la communauté juive de manière exclusive. La raison est que cette communauté est très minoritaire, voire a pratiquement disparu depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962. Mais alors, pourquoi cette hostilité à l'égard des Juifs qui ont pourtant vécu sur le territoire de l'actuelle Algérie pendant plusieurs siècles ?
Les causes de l'antisémitisme en Algérie
Tout d'abord, il y a l'influence du coran. Le livre saint de l'islam, même s'il interdit aux musulmans de porter atteinte aux Juifs qui ne les combattent pas, présente ces derniers comme "ceux qui ont suscité la colère de Dieu". Outre l'influence religieuse, il y a la politique menée à la fois pendant la colonisation et après l'indépendance de l'Algérie. Selon les historiens Richard Ayoun et Bernard Cohen, l'un des objectifs premiers de la politique coloniale en Algérie était "d'opposer juifs et Arabes". Cette politique a ainsi contribué à l'émergence de vives tensions entre les deux communautés, qui conduiront notamment à des émeutes sanglantes à Constantine, en août 1934.
Depuis l'indépendance de l'Algérie, la politique de soutien des gouvernements successifs à la cause palestinienne a également contribué à renforcer le sentiment anti-juif dans le pays. Ce sentiment est également nourri par certains médias de la presse nationale, qui n'hésitent pas à dresser un tableau très négatif et largement stéréotypé des personnes juives. Le sentiment de haine à l'égard des Juifs est également, ou du moins a été, alimenté dans le domaine de l'éducation.
Ainsi, un ancien manuel scolaire de langue arabe destiné aux élèves de 4e année fondamentale, et qui était utilisé jusqu'au début des années 2000, contient deux textes qui présentent les Juifs comme rien de plus que des criminels. Ces textes font notamment référence aux massacres de Sabra et de Chatila, perpétrés au Liban en 1982, en indiquant que ces tueries auraient été perpétrées par des Juifs alors qu'il est communément admis aujourd'hui, que ces deux massacres ont été commis à l'époque par des milices chrétiennes libanaises. En 2015, une vaste polémique avait également éclaté suite à l'inhumation de l'acteur français Roger Hanin à Alger, et ce, en raison de l'ascendance juive de ce dernier.
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Enfin, l'autre forme sous laquelle la haine anti-juive se manifeste en Algérie est la glorification de l'extermination des Juifs par le IIIe Reich pendant la Seconde Guerre mondiale. On retrouve, ainsi, sur les réseaux sociaux, plusieurs publications ou commentaires qui présentent Adolf Hitler comme un héros du fait de sa politique génocidaire contre les Juifs.
Des Juifs dans les rangs du FLN historique
Toutefois, et malgré la discrimination dont ils ont été victimes bien avant l'indépendance, plusieurs Juifs n'avaient pas hésité à rejoindre le FLN dès le déclenchement de la guerre d'Algérie. Parmi ceux-ci, on peut notamment citer Daniel Timsit, étudiant juif qui avait rejoint le FLN en 1956 et pris part à la bataille d'Alger au sein du réseau dirigé par Yacef Saâdi. Emprisonné jusqu'en 1962, il a fait partie du premier gouvernement algérien post-indépendance avant d'être exilé en France après le coup d'État mené par Houari Boumediene, en 1965. Alors, les Juifs qui ont quitté l'Algérie pourront-ils un jour revenir sur leur terre d'origine et y vivre de nouveau comme ils l'ont fait pendant plusieurs siècles ? Ou devront-ils renoncer à ce rêve du fait du sentiment anti-juif qui s'est largement développé dans le pays depuis plus d'un demi-siècle ?