Le chef de l'Etat Abdelmadjid Tebboune a qualifié l'ex-président déchu Abdelaziz Bouteflika de président impotent, dans une interview par vidéo accordé au quotidien français L'Opinion ce mercredi 7 octobre. Il a également considéré l'élection avortée pour un cinquième mandat comme une comédie qui allait aboutir à une catastrophe pour l'Algérie.
"Pratiquement toute la population, sinon l'extrême majorité de la population, est sortie dans la rue pour exprimer son ras-le-bol de tout ce qui se passait depuis deux ou trois années et qui s'est terminé par une comédie d'élection pour le 5ème mandat" a affirmé d'emblée Abdelmadjid Tebboune dans une vidéo de trente minutes diffusée par le média français.
Bouteflika était impotent...
Pour le chef de l'Etat algérien, "le président (Abdelaziz Bouteflika, ndlr) était totalement impotent. Il ne pouvait plus s'exprimer, il ne pouvait plus parler, ni marcher". Et pour cela, l'élection présidentielle d'avril 2019 et sa candidature pour un cinquième mandat "allait déboucher sur une catastrophe pour le pays".
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C'est la première fois qu'un responsable de l'Etat en Algérie s'exprime de la sorte sur l'ex-président Abdelaziz Bouteflika et sur son cinquième mandat avorté. Habituellement, seuls les acteurs de l'opposition critiquait le maintien de Bouteflika malgré sa grave maladie. Abdelmadjid Tebboune, qui a été ministre de Bouteflika pendant plusieurs années, a franchi une ligne que ses pairs n'ont jamais franchie.
Le 5ème mandat, une comédie...
En outre, il fera l'éloge du Hirak "béni" qui, selon lui, "a pratiquement mis fin à cette comédie". Et dans le même sillage, il évoquera le rôle de l'Armée et des services de sécurité dans la gestion du mouvement populaire de février 2019.
Il considère que l'Armée algérienne et les services de sécurité ont "protégé le Hirak pour qu'il garde son pacifisme et pour qu'il ne soit pas provoqué", rappelant dans le même ordre d'idées que le mouvement populaire, appelé également Révolution du sourire, était "extrême, pacifique et très civilisé".
Le Hirak était pour la présidentielle de décembre 2019
D'un autre côté, Abdelmadjid Tebboune n'a pas hésité à affirmer que le Hirak était favorable à l'élection présidentielle qui l'a intronisé au palais d'El Mouradia. Ce qui est quelque peu étrange, dans la mesure où le rejet massif exprimé par le peuple algérien vis-à-vis de la présidentielle du 12 décembre 2019 était visible aux yeux du monde entier.
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"Le Hirak était pour les élections, déjà au préalable, cela légitimait ces élections" a affirmé le chef de l'Etat qui voyait dans les revendications que trois ou quatre doléances. En l'occurrence, "arrêter le processus électoral, arrêter le 5ème mandat, interdire à tout le monde la prolongation du 4ème mandat et aller vers un changement radical dans la gouvernance du pays".