Relations algéro-françaises : Bengrina ou l'hypocrisie politique

Abdelkader Bengrina

Le chef du parti islamiste le Mouvement El Binaa, Abdelkader Bengrina, a montré une nouvelle fois l'hypocrisie politique qui l'anime, en recevant, ce dimanche 28 mars, l'ambassadeur de France en Algérie, moins de 24 heures après avoir fustigé ses homologues qui s’entretiennent avec les responsables diplomatiques étrangers.

Connu pour sa versatilité politique, Abdelkader Bengrina continue ses sorties incohérentes et ses discours démagogiques, en recevant, ce dimanche, François Guouyette, ambassadeur de France en Algérie, au siège de son parti, à Alger. Une démarche qui suscite des interrogations lorsqu'on sait que la veille, ce responsable politique est allé, dans un discours prononcé à Biskra, à qualifier de « complot contre les intérêts du pays » les entretiens ayant eu lieu ces derniers jours entre les chefs des autres partis avec les ambassadeurs accrédités à Alger.

« Sur sa demande, le président du Mouvement El Binaa a reçu ce matin l'ambassadeur français François Guouyette au siège national du mouvement », écrit Abdelkader Bengrina dans un texte publié ce dimanche sur sa page officielle Facebook. Détaillant l'objet de cette rencontre, Bengrina a précisé que le représentant diplomatique français avait « écouté les positions de notre mouvement, à l'instar des autres partis et mouvements politiques algériens, sur les sujets concernant l’Algérie ». Une audience qui, en réalité, ne diffère en rien avec celles des autres chefs de partis ayant reçu ce même ambassadeur et pour lesquelles Abdelkader Bengrina a sorti la grande artillerie en déclarant, samedi, dans un meeting à Oum El Bouaghi que « ce genre de rencontre porte atteinte aux intérêts suprêmes de la nation ».

ll avait accusé les autres partis de « comploter contre l’Algérie »

Dans son discours, l'ex-ministre du Tourisme sous Liamine Zeroual et député du Hamas du temps du président déchu Abdelaziz Bouteflika a accusé ouvertement les responsables politiques en question de « comploter contre l’Algérie et l'ANP », non sans aller jusqu’à dire que « ces rencontres ont pour objectif de créer le chaos dans le pays ». « C'est une honte que certaines élites politiques se rendent dans des ambassades et sont même disposées à vendre leur pays pour un prix dérisoire. Ces élites complotent contre les intérêts de la nation autour de baqlawa (gâteau traditionnel, ndlr) à la table des ennemis », lançait-il lors de son meeting samedi, à Briska.

Mais en moins de 24 heures, celui qui se s'autoproclame porte-voix des islamistes se fait contredire par lui-même, en recevant un ambassadeur étranger, et en échangeant avec lui sur la situation politique du pays. Voulant certainement se justifier aux yeux des Algériens, qui ont été nombreux à le fustiger dans leurs commentaires sur les réseaux sociaux, l'ancien bras droit du Cheikh Nahnah a mis en exergue, dans son communiqué, le fait avoir interpellé l’ambassadeur français sur la question de « la période de transition » en Algérie, annoncée par le président français lorsque le chef de l'Etat, Abdelmadjid Teboune, se trouvait en soins en Allemagne.

« Nous avons expliqué à notre invité que cette question est une ingérence dans les affaires intérieures de l’Algérie », explique Bengrina qui conclut son communiqué par une anecdote échangée avec l'ambassadeur français : « Le plus important à mes yeux est que cette histoire de baqlawa ne concerne pas l’ambassade française ».

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