Le Sénat français a adopté, mercredi 7 avril, un nouvel article interdisant l'exercice du culte, notamment les prières, dans l’enceinte d’une université. Un article voté dans le cadre du projet de loi sur le respect des principes de la République.

Selon la chaîne de télévision Public Sénat, cet amendement ne concerne pas seulement les salles de cours ou les amphithéâtres, mais peut également s’appliquer dans les couloirs ou encore les sanitaires des universités. « Nous devons refuser la pratique des prières dans les couloirs des universités. L’exercice du culte dans un lieu inapproprié ne me semble pas acceptable dans notre République », a déclaré le sénateur Stéphane Piednoir, dont le parti, Les Républicains (droite), détient la majorité au Sénat.

Introduit dans le cadre du projet de loi sur le respect des principes de la République, l'article en question a suscité un large débat au sein de l'hémicycle français.

Cet article « vise indirectement » les musulmans

Pour de nombreux sénateurs, notamment ceux de gauche, cet article « vise indirectement » les musulmans. « Nous ne pensons pas que la laïcité doive conduire nécessairement à écarter de l'espace public toute forme d'expression religieuse (...) et c'est un sénateur athée qui vous le dit », a réagi, en séance, le communiste Pierre Ouzoulias.

Les sénateurs communistes et écologistes, de même que le gouvernement de Jean Castex, par la voix du ministre de l'Education nationale, Jean Michel Blanquer, ont tenté de supprimer l'article en question, proposé par le sénateur Michel Savin (LR). « (...) Cette vision de la laïcité n’est pas conforme à l’esprit de la loi de 1905 », a encore souligné Pierre Ouzoulias, sénateur PCF.

Malgré cette montée au créneau d'une bonne partie des sénateurs français, l'article interdisant l'exercice du culte au sein des universités françaises a été adopté grâce au vote des sénateurs du parti Les Républicains et d'autres élus de droite, majoritaires à la chambre haute du Parlement français. Toutefois, le sénateur Stéphane Piednoir a fait adopter un amendement excluant les locaux mis à disposition des aumôneries du champ de l’article en question.

Le gouvernement et la gauche s’apposent

Ce nouvel article, voté dans le cadre du texte sur le séparatisme et qui s'ajoute à d'autres articles  qui font encore débat, risque de susciter davantage de polémique en France, à presque une année de l'élection présidentielle de 2022. Pour rappel, le Sénat français a déjà adopté, le 31 mars dernier, un article portant sur l’interdiction des drapeaux des pays hors Union européenne lors des mariages et autres célébrations.

« Il ne s’agit pas d’une interdiction imposée systématiquement aux futurs époux mais d’un nouveau pouvoir donné aux élus. Parfois, il arrive que des convives apportent un drapeau de leur pays d’origine et cela se passe très bien. Mais d’autres fois, certains invités exhibent leurs bannières comme s’ils étaient à un match de football », a tenté de justifier le sénateur Henri Leroy, l’un des concepteurs de cet amendement.