Un journaliste en prison, des journaux bloqués : Ammar Belhimer célèbre le 3 mai

Montage : Ammar Belhimer - liberté de la presse

Le ministre algérien de la Communication et porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, célèbre la Journée internationale de la liberté de la presse, en adressant un message à la presse nationale. Son message en déphasage total avec la réalité fait fi de l'emprisonnement de notre confrère, correspondant du quotidien Liberté à Tamanrasset, ainsi que du harcèlement subi par de nombreux journalistes, notamment à Alger.

Pour lui, le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, « a érigé la liberté de la presse en principe immuable, consacré par la Constitution du 1er novembre 2020, avec toutes les garanties qui offrent au journaliste l’espace de liberté nécessaire à l’exercice de ses missions, avec professionnalisme et déontologie ».

Ammar Belhimer ne parle pas de Rabah Kareche et de Saïd Boudour

De quelle liberté de la presse parle Ammar Belhimer dans son message ? Ce n'est certainement pas celle qui a mis en prison Rabah Kareche, le correspondant de Liberté à Tamanrasset. Pendant des années, il a choisi d'être le porte-voix de la population locale qui s'est toujours sentie abandonnée par les pouvoirs publics. Il a exercé un métier qu'il aime et c'est pour cela qu'il est en prison. Et dans tout cela, Belhimer a osé rappeler l'article 54 de la Constitution qui dispose que « le délit de presse ne peut être sanctionné par une peine privative de liberté ».

 

Le ministre de la Communication ne parle pas non plus de la liberté de la presse qui harcèle les journalistes et les photographes dans l'exercice de leur fonction. Saïd Boudour est toujours sous contrôle judiciaire à Oran. Chaque vendredi et mardi, nos confrères à Alger subissent des pressions insoutenables de la part des éléments de la police nationale. El Kadi Ihsan, Zoheïr Aberkan, Hassan Moali et beaucoup d'autres ont déjà eu affaire aux services de sécurité dans l'exercice de leur métier.

Observ'Algérie toujours bloqué

Quand Ammar Belhimer affirme que Tebboune a fait de la liberté de la presse un principe immuable, parle-t-il des journaux électroniques censurés comme Observ'Algérie ? Les Algériens sont obligés d'utiliser le VPN pour pouvoir lire les journaux bloqués par une décision politique illégale. C'est quand même étrange que le porte-parole du gouvernement évoque ainsi la liberté de la presse.

Et c'est dans ce contexte de censure que le ministre de la Communication a évoqué le décret exécutif relatif aux médias en ligne. A la faveur de ce dernier, cette activité est « soumise à la publication à travers un site électronique, dont l’hébergement est exclusivement domicilié physiquement et logiquement en Algérie, avec une extension du nom de domaine .dz », estime-t-il. Il fait semblant de ne pas savoir que pour les journalistes, cette obligation de domiciliation en Algérie a des arrières-pensées visant le contrôle des médias en ligne.

Lire aussi : Algérie : Le harcèlement contre les journalistes continue, Saïd Boudour en garde à vue

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