Algérie : Le FLN et ses anciens alliés dans la tourmente avant les élections

Abou El Fadhl Baadji

Les élections législatives du 12 juin prochain ne s'annoncent pas de tout repos pour les partis de l'ancienne coalition au pouvoir. C'est le cas notamment pour l'ex-parti unique, le FLN, dont la candidature du premier responsable, à savoir le secrétaire général Abou El Fadhl Baadji, a été rejetée officiellement dimanche 2 mai par l'autorité en charge du scrutin, en l’occurrence l'ANIE. Un coup dur pour une formation qui se considère depuis toujours comme la première force politique du pays.

En effet, dans une correspondance adressée dimanche 2 mai au parti du FLN, la délégation de l’autorité nationale indépendante les élections (ANIE) de la wilaya d’Alger a notifié, officiellement, la décision de refus du dossier de candidature de l’actuel secrétaire général du parti pour le compte des prochaines législatives du 12 juin, au niveau de la circonscription électorale d’Alger. Ainsi donc, le SG du FLN, Abou El Fadhl Baadji, qui devait piloter la liste de son parti dans la capitale, se voit éjecter comme un malpropre par l’autorité en charge de cette élection boycottée en masse par les partis de l'opposition, à l'instar du RCD, du FFS et du PT.

Toutefois, face à l’ampleur de la polémique suscitée par cette décision, le FLN a tenté de justifier le rejet du dossier de la candidature de son premier responsable aux prochaines législatives, dans un communiqué publié quelques heures après la décision de l’ANIE. Le parti a expliqué que son secrétaire général avait « présenté un dossier incomplet et que l’ANIE a rejeté sa candidature parce qu’il n’a pas présenté de document justifiant sa position vis-à-vis du service national ».

La candidature du SG du FLN à Alger rejetée par l'ANIE

Une justification tirée par les cheveux, estiment de nombreux observateurs qui voient en cette « lacune » de justificatif vis-à-vis du service nationale une « échappatoire » pour cacher les véritables raisons politiques qui seraient derrière cette mise à l’écart d’un soi-disant poids lourd de la scène politique nationale. Car qu’on le veuille ou non, on n’écarte pas le chef d’un parti politique, de surcroît aux commandes du pouvoir depuis 1962, d’une élection de cette envergure pour un motif administratif.

Pour les observateurs, cette « élimination » du SG du FLN de la course à la législature est une manière de signifier à Baadji que ses jours sont comptés non seulement à la tête du FLN, mais aussi sur la scène politique nationale. Il faut dire aussi que ce n’est pas seulement la tête du SG du FLN qui est visée, puisque plusieurs sources médiatiques ont fait état de la disqualification, par l’ANIE, d’un nombre important de candidats du parti à travers plusieurs wilayas du pays. En effet, selon les mêmes sources, plusieurs noms des listes du FLN dans certaines wilayas ont été rejetés, à savoir 5 à Alger, 5 à Oran, 5 à Relizane, 5 à Jijel, 5 à Batna, 4 à Annaba et 2 à Blida.

Outre le FLN, les mêmes sources ont évoqué de nombreux cas de candidats des autres formations de l’ancienne coalition gouvernementale sous le régime du président déchu Abdelaziz Bouteflika dont les dossiers ont été rejetés un peu partout par les représentations locales de l’ANIE, à travers différentes wilayas du pays. C’est le cas notamment du RND, dont la totalité des candidats sur la liste de la wilaya de Djelfa a été rejetée par la commission locale de l’ANIE.

Les anciens soutiens de Bouteflika sacrifiés ?

Selon les mêmes sources, le parti de TAJ de l’ex-ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, actuellement en prison pour des affaires de corruption, a vécu également les mêmes soucis, lors du dépôt des listes de candidats dans certaines wilayas. Les motifs du rejet des dossiers seraient liés à l’implication de certains candidats dans des affaires de corruption ou soupçonnés d’être proches des milieux affairistes. Il faut dire, toutefois, qu'au-delà des motifs invoqués par l'autorité en charge de cette élection quant au rejet de nombreux dossiers de candidats des partis de l'ancienne coalition gouvernementale, tout porte à croire qu'il s'agit bel et bien d'un sacrifice politique de la part des tenants du nouveau pouvoir, incarné par Abdelmadjid Tebboune.

Ce dernier, qui a refusé, du moins officiellement, tout parrainage partisan pour la conduite de son gouvernement, aurait donc fait le choix de se passer des partis traditionnels pour s’appuyer sur ce qui est devenu aujourd'hui la mode dans le choix politique du pouvoir. Il s'agit de la mouvance de la société civile, incarnée, pour la prochaine élection, par la noria des listes dites indépendantes. En effet, il suffit de voir le nombre important des listes indépendantes dans la course aux législatives par rapport à celles des partis politiques pour se rendre compte que le choix futur du pouvoir est déjà fait.

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