L’assassinat barbare de l’artiste Djamel Bensmaïl, à Larbaâ Nath Irathen, a fait réagir l’opinion publique, mais également des personnalités politiques. M. Noureddine Boukrouh, dans une publication sur sa page Facebook officielle, a soulevé plusieurs interrogations relatives à cet acte barbare, suite aux précisions fournies par le directeur de la police judiciaire.
L’homme politique et ancien ministre, Noureddine Boukrouh a entamé sa contribution en évoquant les « crimes d’État » de 1957 à 2021, passant de Abane Ramdane, en décembre 1957, à celui de Boudiaf en juin 1992, dont « les causes en étaient politiques. Ils s’expliquaient par les luttes pour le pouvoir et une certaine « raison d’État » pouvait être invoquée, même s’ils n’ont jamais été reconnus comme tels ».
L’homme politique évoque l’assassinat barbare du jeune Djamel. « Un crime atroce filmé sous tous les angles et où l’on voit une foule insulter, battre, piétiner, immoler puis décapiter un jeune artiste engagé venu en Kabylie aider ses compatriotes à lutter contre les violents incendies qui la ravageaient ».
M. Boukrouh souligne que « l’inexplicable et l’inadmissible dans l’affaire, c’est que les faits se sont déroulés à quelques mètres de l’entrée du commissariat de police, sous les yeux indifférents de plusieurs policiers, et avec l’assentiment des plus hauts responsables nationaux de la DGSN qui auraient ordonné ce retrait soi-disant pour ne pas causer de plus importantes pertes, ce qui veut dire que celle de Djamel était concédée avant d’être actée ».
Seulement, le 15 août, la déclaration publique du directeur de la police judiciaire concernant les circonstances de l'assassinat du jeune Djamel « a laissé l'opinion publique sur sa faim l’opinion publique qui a vu sa curiosité légitime se transformer en certitude qu’il y a du louche, que c’est une « bavure », une mauvaise évaluation des choses, ou même un crime d’État », indique Boukrouh, puisque la version du directeur de la PJ « contredisait le communiqué délivré par le Parquet quelques jours plus tôt et valait reconnaissance de la responsabilité de la police dans ce meurtre du commissariat de la daïra (sous-préfecture) au "commandement supérieur" évoqué par le directeur » explique M. Boukrouh.
L’homme politique relève « l’inaction de la police qui a assisté du début à la fin au lynchage sans esquisser le moindre geste dans ce « flagrant délit » sont irrecevables. Deux ou trois rafales tirées en l’air auraient suffi pour mettre fin à l’expédition meurtrière et disperser la foule composée non pas de « têtes brûlées », des cocktails-molotov ou des armes blanches à la main, mais d’adultes à l’aspect ordinaire, sérieux et responsable », faisant remarquer que « les individus arrêtés et à qui la parole a été donnée dans la foulée de la déclaration du directeur n’avaient pas l’air de malfaiteurs à la mine patibulaire, ni d’écervelés prêts à en découdre, ,mais de personnages du commun comme vous et moi ».
Parlant du défunt Djamel Bensmaïl, Boukrouh fait remarquer que « le jeune supplicié coincé dans la cage du véhicule de police, torse nu, le dos plein d’ecchymoses et s’échinant à expliquer à ceux qui l’insultaient et le battaient qu’il était accusé à tort, il n’était pas en proie à la peur ou à la panique comme l’aurait été n’importe qui d’autre à sa place ». Aussi que « s’il avait été coupable, son attitude aurait été autre, il se serait effondré en larmes et sollicité le pardon. Lui était plutôt étonné de ce qu’on lui reprochait et faisait face aux molosses avec calme et ingénuité comme s’il était certain que le quiproquo allait cesser ».
Pour conclure, M. Boukrouh écrit : « la police a, du sommet à la base, laissé commettre sous ses yeux et ceux du monde un lynchage barbare. En adoptant cette attitude, elle a délibérément suspendu sa raison d’être en tant qu’institution chargée de la protection de la vie humaine et de l’ordre public, et par conséquent à l’existence de l’État pendant toute la durée du crime ».
« Elle a ainsi forfait à sa vocation, à sa mission, à sa raison d’être car d’autres options qu’elle connait mieux que nous, simples spectateurs, s’offraient à elle. Elle a choisi de sacrifier un jeune homme de 34 ans venu faire du bien, de trahir son serment de défendre en toutes circonstances la loi, l’ordre et la sécurité des biens et des personnes et de rendre l’État complice d’un crime d’État sans raison d’État, sauf à croire à la théorie défendue par certains selon laquelle il s’agirait d’une opération destinée à faire d’une pierre deux coups : se débarrasser d’un « hirakiste », et imputer le crime au MAK.
Faut-il qu’on n’ait plus peur pour l’avenir, mais pour l’immédiat, le présent, le lendemain, le court terme ? Il n’y a donc plus de limites à la déchéance et l’incompétence de l’État algérien ? Faut-il applaudir à ses folies et se résigner au supplice de Tantale vers lequel il pousse la nation ? », ajoute M. Boukrouh.