Avec le Forif, l'islam de France veut faire peau-neuve, quitte à attiser le conflit avec l'Algérie

Photo d'un symbole islamique : étoile et de croissant au-dessus d'une mosquée

L'« Islam de France », ce concept inventé pour contrecarrer les influences des pays étrangers dans l'Hexagone, commence à se concrétiser sur le terrain. En effet, les autorités veulent incarner cet islam dans une nouvelle organisation née des décombres du Conseil français du culte musulman (CFCM). Il s'agit du Forum de l'islam de France (Forif), qui s'est réuni pour la première fois à Paris le samedi 5 février. Cette réunion a eu lieu en partie en présence du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Ainsi, la France veut organiser son propre islam et tourner officiellement la page CFCM, accusé d'être géré par des États étrangers. Cette nouvelle organisation, qui se résume à un dialogue entre 80 participants choisis par l'État, copie une forme d'organisation existante en Allemagne. Elle a officiellement pour ambition d'aboutir à une représentation plus légitime et efficace de l'islam en France.

Dans cette nouvelle organisation, plusieurs personnalités sont impliquées. Elles sont un tiers des participants au Forif, qui sont qualifiées de personnalités d'envergure nationale. Deux tiers sont des acteurs locaux, tels que les imams, aumôniers et présidents de mosquée. Ces personnalités ont été choisies par les préfets lors des assises territoriales de l'islam de 2018, 2019 et 2021. Le forum compte aussi une une quinzaine de femmes dans son effectif.

En changeant l'image de son islam, la France se dirige vers des conflits diplomatiques avec l'Algérie

Cependant, il faut souligner que de nombreux musulmans estiment que cette nouvelle organisation reflète l'instrumentalisation de l'islam par les autorités françaises. Ils accusent ces dernières de choisir des interlocuteurs qui sont dociles au service des gouvernants. Ces musulmans affirment que les personnalités choisies ne sont pas vraiment représentatives des musulmans en France.

D'un autre côté, la mise en oeuvre du programme de la nouvelle organisation, notamment en ce qui concerne la désignation des imams, risque d'être à l'origine de conflits diplomatiques avec certains pays, notamment l'Algérie.

En effet, la nouvelle façon de désigner les imams, qui va mettre fin à « l'importation » des imams, remet en cause des accords entre la France et l'Algérie. Des accords qui permettent à l'Algérie d'envoyer chaque année des imams en France dans des mosquée jusque-là gérées par l'Algérie.

L'islam, une religion française ?

C'est d'ailleurs ce lien avec l'Algérie et le Maroc qu'a évoqué Gérald Darmanin, dans un entretien sur France Inter. Le ministre français a affirmé que l'État français ne peut « plus accepter que l'islam de France, ou l'islam français, soit gouverné financièrement, politiquement et parfois humainement par des États étrangers ». Le ministre français relativise ses propos, en expliquant que « ce n'est pas une déclaration de haine envers quiconque ». Darmanin affirme aussi que l'Algérie et le Maroc comprennent très bien que « les musulmans en France, c'est une affaire de français ».

Pour finir, Darmanin souligne le fait que « la moitié des musulmans français sont des français nés en France », affirmant que l'islam est aujourd'hui, « comme le catholicisme, comme le protestantisme et comme la religion juive, est une religion française ».

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