La difficile intégration des imams algériens détachés en France

L’Algérie envoie régulièrement des imams pour officier dans des mosquées en France dans le cadre d’accords bilatéraux. Ces imams algériens détachés en France rejoignent leurs homologues d’autres pays étrangers à l’instar de la Turquie et du Maroc. Toutefois, la majorité de ces imams détachés trouvent des difficultés d'intégration.

Pour satisfaire aux besoins en imams, la France accueille des « imams détachés » venus d’autres pays. Ces derniers qui sont chargés d’officier au niveau des mosquées françaises proviennent en majorité de la Turquie et de l’Algérie. Aujourd’hui, ils sont 150 imams détachés arrivés de la Turquie, 120 de l’Algérie et une trentaine du Maroc.

Ces imams détachés, dont la mission en France est limitée dans le temps, se heurtent souvent à un problème d’intégration lors de leur séjour dans l’Hexagone. En effet, de nombreux imams détachés en France, dont des Algériens, trouvent toutes les peines du monde à s’adapter avec leur nouvel environnement et cela pour différentes raisons, liées notamment à la culture et la « spécificité » de ce qui est appelé « l’Islam de France ».

120 imams algériens détachés en France

C’est le cas d’ailleurs pour les 120 imams algériens détachés en France et qui suivent actuellement une formation au niveau de la Grande Mosquée de Paris (GMP). Dans son édition du 18 février, le journal La Croix a consacré un reportage sur les péripéties de cette formation en mettant notamment l’accent sur « la délicate acculturation en France des imams détachés ».

La Grande Mosquée de Paris a consacré, dans le cadre de cette formation, un atelier d’éducation aux médias qui vise à améliorer la compréhension par ces imams détachés de la société française. Parmi les 120 imams algériens détachés en France, pour quatre ans et dépendant de la GMP, une bonne partie d’entre eux doit s’acculturer à leur pays d’adoption.

La majorité de ces imams n’arrive pas à s’intégrer en France

Ces imams venus d’Oran, d'Annaba ou Constantine sont appelés, en effet, à officier en France dans des mosquées où les fidèles sont différents à ceux de l’Algérie. En plus de l’obligation de maîtriser la langue française, ces imams algériens doivent surtout choisir les mots qu’il faut dans leurs prêches et discours.

C’est d’ailleurs l’un des objectifs de cet atelier d’éducation aux médias initié par la GMP, rappelle le journal La Croix. « En France, on évite de multiplier les références religieuses à la télévision : ne nommez pas le Prophète comme vous l’avez fait, d’accord ? Et ne citez pas trop non plus le Coran ni les hadiths », lance l’une des deux journalistes formatrices à Moustapha Ban Bahouna, un imam algérien.

Rares sont les imams algériens qui maîtrisent la langue française

Parmi les imams algériens détachés exerçant dans différentes mosquées de la France, rares sont ceux qui maîtrisent la langue française. Un outil pourtant primordial pour l’exercice de leur mission. « Le premier passage devant la caméra, en arabe, ça allait, mais en français c’était plus difficile, comme pour mes prêches à la mosquée en fait », avoue Mohammed Tahar Krim, imam algérien à Douai dans le Nord.

Pourtant, la majorité de ces imams algériens se disent contents d’avoir bénéficié de ce détachement en France. « C’est une nouvelle aventure, et un plus dans ma carrière », explique l’un d’eux. « Nous, les jeunes, on aime voyager », ajoute un autre. Un troisième avoue même qu’il aimerait voir sa famille en Algérie le rejoindre après la fin du contrat, pour « s’établir durablement en France ».

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