Féminicides en Algérie : 40 femmes tuées par leurs conjoints en 2021

Violence conjugale - Viol sur mineure

Le phénomène du féminicide ne cesse, ces dernières années, de prendre de l’ampleur en Algérie. Rien que durant l’année 2021, quarante femmes ont été tuées par leurs conjoints en Algérie, selon l’avocate et directrice du Centre d’information et de documentation sur les droits des enfants et des femmes (CIDDEF) Nadia Aït Zaï.

Les actes de violence à l’égard des femmes sont multiples. Du harcèlement verbal aux violences physiques ou sexuelles, cette violence peut malheureusement mener à la forme la plus extrême : le féminicide, c’est-à-dire le meurtre d’une femme. Souvent le féminicide est commis par un proche intime de la femme, le conjoint ou un autre membre de la famille, pour des motifs différents.

En Algérie, les féminicides sont en majorité commis par les conjoints comme l’affirme l’avocate Nadia Aït Zaï, directrice du Centre d’information et de documentation sur les droits des enfants et des femmes (CIDDEF). Dans une déclaration le lundi 7 mars 2022 au quotidien arabophone Echorouk, l’avocate a révélé que 40 femmes ont été victime de féminicide en Algérie en 2021. Elles ont été tuées par leurs maris, précise-t-elle.

Les féminicides en Algérie en hausse par rapport à l’année 2020

Un bilan macabre en hausse par rapport à celui de 2020, où les services de la police ont recensé 30 féminicides en Algérie. Nadia Ait Zai, qui fait également état de plus de 7 000 femmes victimes de violence familiale en Algérie, a indiqué que « malgré un arsenal juridique, la violence contre les femmes  prend de plus en plus de l’ampleur » en raison, dit-elle, de « la persistance d’une certaine mentalité dans la société algérienne » envers la femme.

Selon l’avocate, le confinement causé par la pandémie de Covid-19 a « exacerbé les actes de violence à l’égard des femmes ». Des actes qui se sont accentués, selon elle, par « les retombées de la décennie noire » en expliquant que « la présence de la femme au travail est vue comme un danger par certains hommes », d’où le recours par ces derniers à la violence contre la femme. « Certains hommes pensent que ce sont les femmes disposant d'un poste d'emploi qui les empêchent de trouver du travail », regrette-t-elle.

« La majorité des femmes sont contraintes de subir la violence de leurs conjoints »

Tout en estimant que le nombre de 2,5 millions de femmes travailleuses sur un ensemble de 12 millions de salariés en Algérie « est insuffisant », Nadia Ait Zai a également mis en exergue « le recul de la représentation féminine » au niveau du Parlement, ce qui n’est pas fait, selon elle, pour « une meilleure prise en charge au niveau politique » des revendications de la femme algérienne.

Pour la directrice du CIDDEF, la violence contre les femmes a pris de l’ampleur au sein de la famille et dans la rue. « La femme algérienne est de plus en plus exposée à la violence en raison notamment de la détérioration des conditions de vie au sein des familles », explique-t-elle. « Ce qui manque le plus aujourd’hui en Algérie ce sont des centres d’accueil et de prise en charge des femmes victimes de violence, ce qui les oblige à rester auprès de leurs maris et continuer ainsi à subir leurs violences », regrette-t-elle.

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